Si la mise en scène de Robert Enrico n'est pas en soi identifiable, l'histoire de José Giovanni l'est tout à fait. Dans une forêt vosgienne, decor naturel du film, réculé et isolé, sinon hostile, des hommes s'affrontent ou se lient d'amitié avec la même brutalité virile, thème recurrent de Giovanni. Ce sont des détenus libérés conditionnellement pour travailler dans la scierie familiale que Bourvil tente de réhabiliter après vingt années d'abandon.
Robert Enrico s'attache à décrire des relations ambivalentes, entachées de violence mais petit à petit gagnées par la loyauté, par une franche camaraderie masculine à peine troublée par d'éphémères intrusions féminines. C'est une belle histoire, transcendée par des paysages verdoyants et tonifiants, qui témoigne de valeurs humaines simples. Le charisme des personnages rejoint celui des comédiens, parmi lesquels Bourvil incarne tout à la fois, avec une sobriété grave, le chef d'entreprise en lutte avec des concurrents peu scrupuleux et l'éducateur en charge de discipliner sa troupe hétéroclite.