The Big Country est riche de deux éléments narratifs qui s’enrichissent mutuellement : celui d’un pied tendre qui débarque dans l’ouest et celui de deux vieux schnocks, ranchers endurcis qui entraînent leur entourage dans leur querelle personnelle.
Un pied tendre à l’Ouest
Pas évident pour un pied-tendre venu de l’Est avec sa culture faite de distinction, de raffinement, d’élégance de débarquer à l’Ouest où il ne peut que se heurter à d’autres valeurs : celle de la virilité, de la loi du plus fort, de la frime. C’est l’expérience à laquelle se trouve confronté James McKay (Gregory Peck), qui arrive au Texas pour rejoindre sa fiancée. A peine arrivé, il se fait bousculer et raillé pour ses habits, sa posture, sa politesse, son incapacité à monter un cheval fougueux. S’il n’y avait que les personnes de la région, mais il doit se confronter également à son beau-père, à Leech le contre-maître du ranch (Charlton Heston) qui sont de véritables hommes de l’Ouest et au regard que sa fiancée pose sur lui, une vraie fille de l’Ouest également…
Mais un pied tendre peut surprendre, surtout quand il s’agit d’un ancien marin qui sait lire une carte et utiliser une boussole… Possible qu’il soit capable de prendre pied dans le « big country » et de s’y déplacer plus facilement que d’autres ! Et on peut imaginer qu’un marin qui a sillonné les mers, a vu du pays et pas mal de choses dans sa vie. Il va s’avérer être plus coriace que les gens du Texas ne le pensaient. Et surtout cet homme est profondément libre et intelligent. Il ne se soucie pas du regard des autres et ne se laisse pas dicter la règle du jeu, ni par ceux qui cherchent à l’humilier :
Vous ne prouverez rien du tout, Leech, mettez vous ça dans la tête. Je ne joue pas selon vos conditions que ce soit avec des chevaux, des pistolets ou les poings.
Ni par sa fiancée qui attend de lui qu’il joue selon les règles du coin :
- Tu te laisses traiter de menteur, je n’ai jamais été aussi humiliée. Tu te moques de ce qu’on dit de toi ?
- Oui, je ne suis pas responsable de ce qu’on dit, seulement de ce que je suis. (…) Je refuse de passer le reste de ma vie à prouver mon courage.
Dans la vie réelle, les personnes capables de cette liberté existent mais elles sont très rares... C’est pourquoi ce personnage m’a touchée.
Quand un homme ne cherche plus à prouver quoi que ce soit aux autres il est libre et un homme libre agit comme une onde de choc qui en libère d’autres par sa seule attitude. Un homme libre est plus fort qu’un homme violent et les gens de l’Ouest vont le découvrir.
Deux vieux ranchers querelleurs :
Le major Henry Terrill, le futur beau-père de James, un homme puissant et riche, s’oppose à Rufus Hannassey un éleveur secondé par ses fils, un homme hirsute, rustre mais plus intelligent et droit qu’il n’y paraît à première vue, un personnage pour qui j’ai eu un vrai coup de cœur… Il saura entendre la voix de James, contrairement à Henry :
Quelle différence y a-t-il entre sa façon et la vôtre ? Combien des hommes qui sont là-bas connaissent la raison de ce combat ? Ce n’est pas leur guerre. Ce n’est qu’une vendetta personnelle entre deux vieux égoïstes, méchants et sans pitié : Henry Terrill et vous !
Ces deux hommes utilisent tous les prétextes possibles pour s’affronter et se dresser l’un contre l’autre, pour l’emporter l’un sur l’autre. Certaines personnes ne se sentent vivantes qu’en étant dans le conflit et en entraînant tout le monde à leur suite. Mais à une époque où la loi n’est pas encore en place, les conséquences sont graves.
Cette histoire riche en bonds et rebonds prend place dans les vastes étendues du Texas que la caméra de Wyler sait saisir. Et elle s’achève dans le paysage splendide du Blanco Canyon qui devient le lieu du dénouement des tensions qui se sont nouées et ont été exacerbées à l’arrivée de James. The Big Country nous offre aussi le plaisir de voir Gregory Peck et Charlton Heston se mettre des poings dans la figure jusqu’à n’en plus pouvoir !
Un western à ne pas manquer !