Avec son formidable casting, sa musique emblématique du genre et ses paysages de rêve, Les Grands Espaces demeure un grand western subtil et spectaculaire, véritable parabole sur la violence. Film fleuve (2h45) et épique, il s'avère toujours aussi passionnant de nos jours et ressort dans une magnifique copie 4K qui lui rend parfaitement hommage.
Dès les première images, le film justifie son titre de la plus belle des manière en nous proposant un superbe générique tourné dans les superbes décors naturels de l'Ouest américain (le film fut tourné en Californie et en Arizona). On y voit le convoi de McKay, joué par un Gregory Peck impeccable, aller vers son destin, à l'Ouest, le tout souligné par la composition musicale de Jérome Moross, épique à souhait. Ainsi en quelques plans, William Wyler (le plus nominé, 12 fois, aux Oscars du meilleur réalisateur qu'il remporta à 3 reprises) plante le décor d'un des plus beaux westerns qui utilise ici à merveille le format Technimara. Grands espaces, grand format, grand western !
Malgré un sujet à priori peu original, une guerre de territoires entre propriétaires terriens, Les Grands Espaces décide de suivre cette histoire de vendetta via le regard d'un homme de l‘Est sans cesse en décalage avec ses nouveaux voisins. A la limite de la caricature, Wyler s'évertue d'abord à nous montrer les différences entre Peck, le snob sophistiqué, humaniste ne confondant pas le sens de l'honneur avec l'envie d'en découdre au contraire de ses nombreux antagonistes. Parmi lesquels on retrouve un Charlton Heston, qui un an avant Ben-Hur de ce même Wyler, ne tient qu'un second rôle, toutefois remarquable. L'interminable bagarre avec Peck aux portes du désert, éclairée par la lune, reste d'ailleurs un grand moment de cinéma reflétant la futilité de la violence ...
ET AU MILIEU COULE UNE RIVIÈRE
Considéré par un lâche par sa blonde fiancée (jouée par la divine Carroll Baker) pour ne pas avoir répliqué à une provocation d'un membre des Hannassey, (Chuck Connors très convaincant) Peck se réfugiera finalement dans les bras de la brune Jean Simmons (Spartacus). Les femmes tiennent en effet ici des rôles centraux ayant du pouvoir, du caractère et pour Simmons un héritage cristallisant toutes les tensions : une prairie où au milieu coule une rivière, les Hannassey d'un côté, les Terrill de l'autre...
C'est en cela que le film de Wyler lorgne alors vers une parabole sur l'inutilité de la violence, en même temps qu'une allégorie sur la Guerre Froide alors en cours. Car McKay le pacifique imagine qu'en achetant ces terres, il achètera la paix nonobstant le passé et les multiples contentieux de deux patriarches autoritaires et violents incarnés par Charles Bickford et l'énorme Burl Yves (La Forêt interdite), qui impressionne à chaque apparition.
Alors que certains pourront juger le film trop long et académique, on ne s'ennuie guère devant ce formidable spectacle alternant scènes spectaculaires (le final dans le Canyon, le duel entre Connors et Peck, la bagarre au milieu de la nuit...) et de subtiles séquences permettant à chaque personnage d'influencer sur l'histoire. Désormais disponible, grâce à Sidonis-Calysta, dans une version 4k qui redonne au film tout son caractère, Les Grands Espaces s'avère être un indispensable pour les amoureux du western américain.
Retrouvez l'évaluation de la partie technique du Blu-Ray sorti chez Sidonis par ici : http://www.regard-critique.fr/rdvd/critique.php?ID=7282