Cette critique fait partie de la liste "48Hrs with Walter Hill"
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Le roi Cyrus des provinces dont il l'avait fait satrape, dignité à laquelle il avait joint le commandement de toutes les troupes, manda une délégation de chaque gang pour rejoindre Van Cortlandt Park, qui était le quartier d'assemblée.
Cleon -Prince des Warriors- partit donc pour le Bronx, ayant pris avec lui le Seigneur de Guerre Swan, qui le suivit en qualité d'ami, et escorté de 5 Hoplites de Coney Island(...)..
Tandis que Cyrus haranguais les présentes délégations, Luther -Prince des Rogues-occis le roi, dans les Ténèbres de la foule.
A la suite de ce tragique évènement, Luther calomnie Cleon auprès de ses frères, et l'accuse d'être le meurtrier de Cyrus.
Le nouveau Cyrus croit le délateur, et lance des représailles envers les Warriors pour les punir de mort.
(...) Swan ayant couru risque de la vie et reçu un affront, ne s'occupe plus, dès qu'il est parti, que des moyens de se soustraire au pouvoir de ses frères de la rue.
New Cyrus a l'air de rassembler contre eux, toutes les troupes des différents gangs qui sont dans la ville.
Il fait dire à la Voix radiophonique de l'Ombre, d'enjoindre toutes les forces de la rue à annihiler le gang renégat des Warriors.
(...) Ils lui obéirent avec plaisir, car ils avaient confiance en lui ; et ayant pris leurs armes, ils se joignirent à l'appel de la traque.
First O y arriva avec près de 10 Orphans tirés de ses garnisons ; First F, avec environ 8 Base-Ball Furies, First L et 5 Lizzies de troupes légères ; First P , avec 5 Punks à peu près.
Telles furent les troupes qui joignirent New Cyrus dans sa croisade.
A Swan et sa troupe de traverser ces contrées ennemies et de rejoindre la douce sécurité de leur Royaume de Coney Island...
Voilà donc le résumé de The Warriors, appliqué au livre I de l'Anabase de Xelophon (dont Hill se souviendra à nouveau pour son Southern Comfort).
Basé sur le roman homonyme de Sol Yurik - qui reprend peu ou prou la trame thématique du roman de Xelophon - dont les droits furent rapidement acquis par la firme AIP.
Mais devant l'incapacité de ceux-ci à en tirer un film, les droits échurent au producteur Lawrence Gordon qui demanda à David Shaber d'en tirer un script.
Script qui sera envoyé à Walter Hill qui - même s'il aimait beaucoup ce récit - doutera de la réelle faisabilité de ce projet, défini comme "trop extrême et trop bizarre".
Ayant d'abord dans l'optique d'en faire un western, le duo Hill/Gordon durent revoir leurs ambitions à la baisse et le transposèrent dans la thématique "streetgang"...
Hill décida d'y ajouter un visuel "comics" mais dû y renoncer par faute d'incompréhension des distributeurs (il y parviendra finalement via son Ultimate Director's Cut de 2005).
Le problème vint de la MPAA (comme toujours), non pas à cause de sa violence graphique (car le film tape plutôt dans une certaine stylisation de celle-ci) mais de sa possible incitation au désordre civique (argument valable, au vu de la multiplication des gangs, après la sortie du long métrage).
La tagline de l'affiche originale participa à cette vindicte de la censure:
"These are the Armies of The Night.
They are 60,000 strong.
They outnumber the cops three to one.
They could run New York City.
Tonight they're all out to get the Warriors".
Quoiqu'il en soit, le film eut un certain succès au vu de ses ambitions et devint progressivement culte...
De nos jours, que reste t-il de ce film?
On pourra sourire devant la démarche "à la cool" ainsi que des looks improbables des différents gangs (pourtant, ces côtés kitsch voire risibles, sont toujours d'actualité de nos jours, comme quoi...), trouver à redire à une violence en fin de compte très soft, voire inoffensive ou encore trouver la BO un peu à côté de la plaque (du rap ou du punk aurait mieux sied à ce genre de projet)...
Pourtant, cette chasse à l'homme induit par une rumeur totalement fausse, à de quoi faire plaisir à nos petits yeux.
Michael Beck et son charme magnétique convient parfaitement au premier rôle, tandis que le côté bouillant (Ajax aka James Remar) ou borderline (David Patrick Kelly/Luther et son phrasé si spécifique) ajoute une plus-value au projet.
L'on pourrait trouver que Deborah Van Valkenburgh (alias Mercy) est un miscasting, mais plus le film avance et plus elle devient crédible, voire nécessaire car elle incarne un certain point de vue d'une jeunesse féminine alors en proie au doute de leur avenir tout tracé (soit avec une ribambelle de gamins et leurs vies conditionnées par le système).
N'ayant vu la version ciné qu'une fois (il y a bien bien longtemps), je parle donc ici du Director's Cut avec les inserts style "comics", qui se marie très bien avec le ton général du film (violence stylisée donc, mais aussi comportement et iconisation des principaux protagonistes).
En bref, un film très intéressant et à remettre dans le contexte 80's de cette lointaine époque...
"Stay tune, Bumpers!!!"