Avec une petite caravane, Raymond Depardon sillonne la France, avec comme principe que deux personnes vont à chaque fois parler librement, avec la fenêtre donnant la vue sur la ville du moment.
C'est assez particulier, j'en conviens, car ce sont en fin de compte des discussions de la vie de tout les jours, l'amour, le travail, les enfants, les emmerdes... mais on voit que Depardon a travaillé son cadre. Image en pellicule, format Cinemascope, une personne de chaque côté avec une petite table au milieu, et ça parle...
Après, c'est très subjectif, et on peut être lassé des limites de l'entreprise, à savoir si on désire d'entendre des discussions qu'on peut avoir dans la vie, le mérite revenant aux personnes qui se parlent avec un grand naturel, sans jamais regarder la caméra, de choses souvent très intimes.
Je laisse à chacun l'envie d'écouter, mais au fond, ce qu'il en ressort, c'est la peur de l'avenir. Peur de la solitude, de l'arrivée d'un enfant, de s'installer en couple....
Le parti-pris est que les six villes ne sont pas nommées, à part le générique de fin, j'ai reconnu Nice, et que les gens sont eux aussi anonymes. Mais, tout comme La vie moderne, Raymond Depardon a le chic pour créer chez des personnes lambdas une véritable confiance, de parler librement.... Mais c'est au prix d'interludes où on suit la caravane aller de ville en ville, qui sont franchement pénibles, avec comme seule musique celle composée par Alexandre Desplat.
C'est vraiment court, 1H23, et, si je ne sais pas si ça représente les habitants de La France, le procédé est suffisamment original et intéressant pour monter dans cette caravane.