Je suis partagé pour ce Depardon.
D’un côté j’aime bien le procédé de mise en scène typique à Depardon : des plans séquences fixes sur 2 personnes qui discutent filmés de profil (ici dans une caravane et devant une fenêtre-écran de cinéma qui est sensé inscrire les deux corps dans un contexte géographique précis) entrecoupés de travelling sur les routes de France.
Ça s’inscrit parfaitement dans l’œuvre du cinéaste, son travail sur l’écoute, la parole.
Jusque-là c’est plutôt intéressant. Ce qui l’est aussi c’est de voir quels sont les sujets sur lesquels échangent ces gens, essentiellement des choses très concrètes, très terre à terre.
Mais d’un autre côté le film me gêne. Déjà je vois mal ce que veut raconter Depardon, ce qu’il veut montrer à travers son échantillon humain, pourquoi il a choisi ceux-là plutôt que d’autres, et ce qu’il veut dire de la France d’aujourd’hui. J’ai l’impression que ses choix sont davantage de l’ordre de la cinégénie, d’une sorte de fiction attractive, plutôt que d’une démarche politique ou humaine précise.
Mais surtout il y a un regard voyeur parfois gênant, le même regard moqueur (drôle mais quelque fois à l’insu des gens) que l’on peut avoir en regardant les cassos dans les émissions comme Confidences intimes ou autres.
Ce n’est forcément pas ce que le cinéaste voulait provoquer, mais c’est là.