Cette idée d'une noire des banlieues acceptée dans l'un des plus prestigieux lycées français par des accords « politiques » (et accessoirement grâce à ses capacités) mais ayant du mal à se fondre dans le collectif tant elle n'en a pas les codes, je la trouvais vraiment intéressante, même si je suis rarement enthousiasmé par les téléfilms du vendredi d'Arte. D'ailleurs, la « question sociale » est assez vite reléguée au second plan, ce qui est à la fois une force et une faiblesse.
D'un côté, on évite d'insister lourdement sur le sujet et j'ai été très agréablement surpris de la représentation des autres lycéens, ni tête à claques (du moins pas trop), ni antipathiques ou méprisants : pas d'insultes racistes ou de « mépris de classe », la défiance étant finalement bien plus entre « nanas des quartiers » qu'ailleurs. De l'autre, je trouve que le titre passe du coup un peu à côté de ce sujet, nous proposant une « success story » relativement juste, mais somme toute très classique et souvent prévisible, à une ou deux exceptions (et encore, ce choix de Khady de « tracer sa route » sans passer par les grandes écoles n'a rien d'incroyable).
La vie en Seine-Saint-Denis semble souvent aseptisée, sans ignorer complètement les problèmes qui minent le département depuis des décennies. C'est finalement dans la famille de l'héroïne que le trait est le moins subtil, même si, là encore, on sent un minimum de nuances pour la rendre crédible. Jolie interprétation, notamment de Tracy Gotoas, bien entourée, entre autres, de la toujours délicieuse Déborah François dans un rôle de CPE géniale toutefois trop idéalisée. Plutôt sympa, donc, mais manquant un peu sa cible initiale.