On ne peut nier les bonnes intentions de premier long-métrage de Maxime Roy qui s’inspire du vécu de son personnage principal et de ses galères. Par son biais, on se retrouve donc presque, sur la forme comme sur le fond, devant une sorte de documentaire sur la misère sociale. « Les Héroïques » (un titre parfaitement adapté en forme de clin d’œil à tous « les invisibles » du monde), nous parle donc de sujets durs : l’addiction et le sevrage aux drogues, la maladie, la perte d’emploi, les lourdeurs administratives, les combines pour subsister, ... Et il les traite de manière frontale en évitant le manichéisme mais pas un certain misérabilisme social (en effet, on ne compte plus l’accumulation de galères qu’il vit). Si le trait peut paraître un tant soit peu appuyé, on ne doute pas qu’il y ait des personnes dans cette situation...
Heureusement, « Les Héroïques » peut se targuer d’une fin solaire et de quelques embellies narratives contrebalançant une œuvre qui se complairait dans un dolorisme de mauvais aloi sans cela. Il y a également de jolis moments d’émotion qui parsèment ce film. On pense notamment aux scènes entre un père (incarné par un Richard Bohringer d’une justesse exemplaire) qui découlent sur de très beaux plans, sobres et simples, comme celui d’un père et son fils à moto roulant vers l’hôpital. De plus, le constat social exprimé ici se pare d’une véracité indéniable et nécessaire. Mais tout cela s’avère bien trop inégal, entre séquences réussies et touchantes et d’autres plus inutiles qui éparpillent le propos.
Il y a donc des longueurs dans ce premier film, beaucoup de maladresses aussi mais il y a cette sincérité sans faille qu’on ne peut renier. Qu’on aime le film ou pas d’ailleurs. On regrette en revanche que la forme soit si peu aboutie. « Les Héroïques » est d’une grisaille interminable et tout le film est de cet acabit. Terne et triste. Alors certes cela semble coller au propos mais rend le film particulièrement peu aimable à l’œil. Cet aspect documentaire ou reportage à l’arrache est dans la même veine que le fond mais cela n’empêche pas Ken Loach ou Stéphane Brizé, pour ne citer que les plus célèbres des cinéastes sociaux en activité, de soigner leurs plans. On est donc partagé entre une sensibilisation sociale utile bien que déjà montrée en mieux (« Les Invisibles », « Ouistreham », ...), des moments de détresse et d’émotion tangibles, une forme peu reluisante et un intérêt en dents de scie. Prometteur et beau mais peut (vraiment) mieux faire! Quant à la performance de François Créton, elle est d’un réalisme logique et incontestable.
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