Aux Norvégiens et aux Norvégiennes qui empêchèrent l'Allemagne nazie de créér la bombe atomique



  • Excusez-moi, mais je n'ai pas l'intention de participer à l'opération.

  • Oh si, vous allez venir. De gré ou de force vous viendrez ! Vous êtes le seul à savoir avec précision où l'on doit poser les charges de dynamite.

  • Réfléchissez ! Après ce qui s'est passé ce soir ils vont renforcer la surveillance autour de l'usine.

  • Il a raison...

  • Écoutez-moi tous ! Ce soir les Allemands ont pulvérisé nos forces opérationnelles, d'accord ? Ils doivent dormir sur leurs deux oreilles.

  • Vous n'avez pas une chance sur 1000.



1965 marque le dernier film du grand cinéaste Anthony Mann (qui décèdera en 1967 lors du tournage de ''Maldonne pour un espion''), qui propose avec Les héros de Telemark un film de guerre d'infiltration commando adapté d'une histoire vraie située en 1942 lors de l'occupation de la Norvège par l'Allemagne. Une histoire tendue sur un scénario d'Ivan Moffat en collaboration avec Knut Haukelid et Ben Barzman présentant un récit d'infiltration spectaculaire autour d'une coopération entre la résistance norvégienne dirigée par le soldat Knut Straud (Richard Harris), et l'armée britannique représentée par le physicien Rolf Pedersen (Kirk Douglas), afin de mettre un terme au développement de la bombe atomique par l'Allemagne nazie dans l'usine de Vemork située à côté de la petite ville de Rjukan. Une mission complexe et périlleuse se met en place pour détruire l'usine de Vemork qui abrite le composé chimique de l'eau lourde permettant la fission atomique. Le contexte historique aussi passionnant soit-il n'est ici qu'une excuse pour nous entraîner dans une aventure spectaculaire pour un public ouvert au détournement d'un récit connu, qui prend quelques libertés avec la réalité sans la dénigrer au profit d'un grand spectacle.


Un film de commando mouvementé, dont l’enjeu est l’issue de la Seconde Guerre mondiale, autour d'un scénario généreux qui prend son temps avec une première partie centrée sur l'élaboration d'un plan visant à confirmer la création de la bombe nucléaire en allant rejoindre la résistance. Survient à la moitié du film le plat principal avec la première tentative de sabotage de l'usine qui se poursuivra avec une nouvelle entrée en action pour se conclure lors de la prise d'un bateau nazie. Pour couronner le tout (à croire que l'histoire n'était pas suffisamment mouvementée), Pederson s'aperçoit que son ex-femme : ''Anna (Ulla Jacobsson)'' accompagnée de son oncle (Sir Michael Redgrave) font partie de la résistance, amenant au passage son lot de dramatique et de romantisme avec des relations humaines qui évoluent. Un scénario distrayant avec quelques petites longueurs et certains choix poncifs qui cassent le rythme ainsi que des facilités scénaristiques qui auraient pu être évitées, mais qui heureusement ne sont pas suffisamment graves pour totalement nuire au récit.


L'action est décente avec pour moteur essentiel plusieurs scènes d'infiltrations de bonnes teneurs avec beaucoup de tensions savamment rythmées sur une série d'explosions, de fusillades et de morts divertissants. Un film pourvut de séquences alléchantes lors d'une traversée en mer mouvementée avec des mines navales, où encore avec de magnifiques scènes de poursuite à skis. Les décors blancs de la Norvège sont magnifiques avec des plans et des prises de vues incroyables de la région de Telemark sur une excellente photographie de Robert Krasker, qu'Anthony Mann bonifie par le biais d'une cinématographie qui idéalise la beauté, la froideur et la difficulté d'un tel paysage. Un environnement rude très convaincant appuyé par le fond sonore d'un vent glacial violent qui vient perturber le silence profond d'une Scandinavie occupée. Une approche ingénieuse magnifiée par des décors, des accessoires et des costumes convaincants. L'élégante partition musicale de Malcolm Arnold joue bien son rôle avec des envolées convaincantes. Un ensemble technique à l'origine d'une expérience cinématographique très agréable qui favorise une ambiance inquiétante qui sur plus de deux heures de film imprime efficacement les aventures et mésaventures des protagonistes qui risquent leur vie et celle de leurs proches pour mener à bien leur mission.


Le casting est intéressant malgré des personnages peu développés comme le sont les combattants de la résistance. Kirk Douglas sous les traits de Rolf Pedersen est plutôt bon en incarnant un héros loin de la figure traditionnelle sacrificielle puisqu'il est avant tout antipathique et extrême dans les choix qu'il observe. Sa relation avec Anna son ex-femme incarnée sans fulgurance par Ulla Jacobsson lui offre un humanisme bienvenu. À noter que ''Les héros de Télémark'', marque les retrouvailles entre Anthony Mann et Kirk Douglas après une séparation difficile lors du tournage Spartacus. Richard Harris est excellent dans le rôle de Knut Straud bien qu'un brin caricatural. La relation qu'il entretient avec Pedersen est difficile tant les deux hommes sont différents, seulement, l'adversité les rapprocheront. Jennifer Hilary dans le rôle de Sigrid est aussi discrète que limitée. Anton Diffring est toujours fidèle à son poste de soldat gradé nazie, ici pour le rôle du major Frick. Un comédien convaincant !



CONCLUSION : ##



Les héros de Telemark d'Anthony Mann est un film de guerre basé sur une histoire vraie qui remplit son cahier des charges en matière de pur divertissement malgré certains choix scénaristiques instables. Les deux acteurs principaux bien qu'un brin caricaturaux font le taf. La technicité rappelle assidûment que derrière la caméra il y a un grand réalisateur qui filme les profondes étendues glaciales de neiges comme s'il cinématographiait les étendues désertiques arides dans ses westerns par des prises qui valent clairement le coup d'œil.  


Bien que seules les grosses lignes historiques soient respectées, Les héros de Telemark reste un récit captivant de par son contexte offrant une aventure distrayante généreuse en action.



La Norvège sous occupation Allemande. Ce film est dédié aux Norvégiens et aux Norvégiennes qui empêchèrent de mettre au point la bombe atomique.


B_Jérémy
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le 5 mars 2022

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