Adapté du roman de Yasmina Khadra, Les hirondelles de Kaboul met en lumière le climat cauchemardesque de la capitale afghane à la fin des années 90. Le duo de réalisatrices, Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, y insuffle une sensibilité et une puissance indissociables. La nécessité d'un film d'animation sur un sujet aussi grave prend toute son ampleur lorsque la beauté des dessins fait face à la brutalité des situations et des sons. L'oeuvre devient alors saisissante de poésie et la soif de liberté des personnages se fait cruellement ressentir. A la façon d'Ernest et Célestine, les dessins à l'aquarelle, refusant tout naturalisme et épurés au maximum, se veulent révélateurs d'une violence inhumaine et d'une révolte sans espoirs dans un monde où même rêver est totalement prohibé. Personnellement, j'ai été surpris par le synthétisme des expressions et agréablement séduit par les jeux de lumières. L'image colorée évite aussi de sombrer dans le pathos ou le fatalisme. Quand on est au courant du processus de création, on comprend pourquoi l'émotion est si palpable : en effet, ce n'est pas du simple doublage. Les acteurs ont réellement joués les scènes du film face à une caméra et c'est suite à ces images que le dessin animé est né. Zita Hanrot, Simon Abkarian, Hiam Abbass et Swann Arlaud racontent une histoire plurielle avec une grande justesse. Les hirondelles de Kaboul est une fable moderne et tragique, malheureusement trop vraie, mais joliment distanciée pour qu'on en saisisse l'essentiel. Le récit de cette révolte impossible, c'est un peu la nôtre en fait...