Une comédie musicale pour Marilyn Monroe et en compagnie de Marilyn Monroe, et avec Jane Russell pour le budget, j'y reviendrai.
Une comédie qui pourrait commencer comme un conte de fées. Il était une fois un compte en banque...
Jacques Rivette dans Génie de Howard Hawks (Cahiers du cinéma N°23) définissait Hawks comme pratiquant un cinéma à hauteur d'homme. Ce qui laisse assez perplexe et pourrait faire l'objet d'une dissertation que je n'ai pas envie de faire ici. Mais il aurait tout aussi bien pu dire à hauteur de femme puisque dans ce film tous les hommes sont vus par le regard des femmes : ils sont ridicules ou insignifiants. Au contraire la misogynie de 1953 affirme que les femmes classent les hommes en deux catégories : ceux qui ont de l'argent et ceux qui font bien l'amour, tout comme certains hommes classent les femmes en blondes ou en brunes.
Ce film est un aimable divertissement adapté d'un roman à succès d'Anita Loos qui a donné lieu à d'autres comédies musicales moins connues. On a des moments de comédie, qu'elle soit musicale ou non, qui provoquent des rires et quelques grincements de dents masculins. Les deux amies Lorelei la blonde vénale et Dorothy la brune fan de sportifs ne sont pas antipathiques, bien au contraire. Elles cherchent simplement à sortir de leur condition sociale et dans le cas de Lorelei accéder à une richesse dont on peut supposer qu'elle a été privée dans sa jeunesse.
Il est à remarquer que les rôles sont de composition puisque la production a inversé les préférences que les deux actrices avaient à ce moment-là dans leur vraie vie. Jane Russell (Dorothy la brune) ne devait pas être insensible à la séduction de l'argent puisqu'elle était très proche du milliardaire Howard Hugues, lequel avait offert une somme exorbitante pour que sa protégée puisse jouer comme vedette dans le film. Marilyn Monroe (Lorelei) était mariée à l'époque avec un sportif, le champion de baseball Joe di Maggio. Quand on lui demandait pourquoi elle restait avec un type jaloux qui souhaitait qu'elle arrête le cinéma et qui lui foutait des mandales à l'occasion, elle répondait qu'elle restait parce qu'il excellait au lit. Je viens de voir une exposition sur Marilyn Monroe, les cinéphiles pourront aller y vérifier l'authenticité de mes citations.
Exposition avec de très belles photos au demeurant, comme celle du courant d'air soulevant par hasard les jupes de Marilyn sur une bouche de métro à Manhattan, une scène répétée plusieurs fois mais dont Billy Wilder ne pourra utiliser aucune prise : les hourras de la foule survoltée et les flashs des photographes rendront les rushs inutilisables et la scène devra être retournée en studio.
Par contre je n'y ai pas vu de nouvel indice pour faire pencher la balance du côté de l'erreur médicale ou du côté de l'assassinat politique concernant sa fin prématurée à 36 ans. La solution pourrait se trouver dans la boîte 39 qui renferme les dossiers du docteur Greenson, le psychiatre de Marilyn. Pour ceux qui veulent en savoir plus ils devront patienter jusqu'à la date où cette boîte pourra être ouverte. En 2039.
Les hommes préfèrent les blondes, mais certains les préfèrent froides, y compris des présidents, des psychiatres, des mafieux ou des directeurs du FBI.
Très kitsch comme beaucoup de comédies musicales de l'époque, Les hommes préfèrent les blondes restera pour la postérité grâce à ses dialogues et surtout grâce à Marilyn Monroe qui scintille au milieu des diamants du film.