C'est un thème majeur, composante de si nombreux films : trouver quelle est sa place dans le monde, avec les difficultés et les échecs que cela implique. Le couple belge Felix Van Groeningen (personne n'a oublié le splendide Alabama Monroe) et Charlotte Vandermeersch ont adapté le roman; en grande partie autobiographique, de l'Italien Pablo Cognetti, in auteur dont la passion pour la montagne nourrit l'ensemble de l’œuvre. Les cinéastes ont été fidèles à l'intrigue et à l'esprit du livre, se refusant à des raccourcis narratifs qui auraient limité la durée du long-métrage en lui enlevant ses côtés contemplatif et pudique qui en font (aussi) la valeur. Les huit montagnes est un anti Avatar, si l'on veut, avec une mise en scène discrète, qui s'impose avec des paysages somptueux, suffisants pour prendre de la hauteur. C'est une histoire d'amitié sur un long temps, avec ses pleins et ses creux, et aussi de filiation difficile pour deux personnages qui se sont apprivoisés dans l'enfance, un rat des villes et un rat des champs. Les ellipses s'absorbent facilement, avec une voix off loin d'être omniprésente et une musique qui remplit parfaitement sa fonction, sans dissonance. Des cimes à l'abîme, les parcours de vie des deux protagonistes principaux du film (qui laissent peu de place aux autres) permettent de s'identifier à eux (ou pas), d'une manière douce et harmonieuse, sans que l'on nous demande une implication émotionnelle substantielle. C'est une qualité ou une limite selon le degré de sensibilité de chacun, à ce type de cinéma.