Les Inconnus dans la ville par Teklow13
Le film démarre comme un film choral mélodramatique, il nous présente la vie de quelques habitants d’une petite bourgade, pour ensuite basculer dans le film noir.
Le croisement de ces deux genres n’est pas rare, mais le basculement s’opère ici de façon étonnante.
Notamment car Fleischer déroule une narration qui prend à contre pied. Le fameux braquage annoncé dès le début n’apparaîtra que dans la dernière demi-heure et de façon très brève, au moment où on l’aura presque oublié, intrigué par les pérégrinations des personnages qui se succédaient à l’écran jusqu’alors.
Ce qui me plait le plus ici, c’est la faculté du cinéaste à jouer avant tout sur des petits détails.
Petits détails de mise en scène, qui rendent tous les plans vivants et attractifs, mais qui donnent à comprendre avec 3 fois rien, toute l’histoire d’un lieu ou la complexité d’une situation.
Et petits détails dans le comportement des personnages : Lee Marvin et son pulvérisateur nasal par exemple.
Et puis le film est absolument magnifique esthétiquement (bien aidé par la superbe copie BR éditée par Carlotta). Fleischer ne néglige aucun plan, aucun mouvement de caméra, aucun cadrage. L’utilisation qu’il fait du cinémascope est superbe, tout comme le champ chromatique des plans d’ailleurs. Il y a plein d’idées visuelles géniales comme cette scène fantastique où une famille d’amish séquestrée dans une grange, les yeux et la bouche couverts de sparadraps.
Par contre je suis plus réservé sur l’aspect moral et bien pensant du film (car je n’ai pas l’impression que ce soit de l’ironie), mis en évidence lors de la dernière scène. Le scénario est un peu faible à ce niveau là. La voleuse est elle-même volée plus tard, le père qui n’a plus l’estime de son fils, redeviens un héro auprès de lui,…
Mis à part ça, c’est un super film !