Richard Fleischer n'a pas eu de chance ; c'est seulement depuis sa disparition, en 2006, que l'on remarque à quel point il a eu une carrière riche, variée et globalement de haute qualité. Il fait partie de ces excellents artisans, comme Robert Wise, qui n'apportaient rien de personnel à leurs sujets, mais qui les sublimaient.
Les inconnus dans la ville est de cette trempe ; un groupe d'hommes va arriver dans une petite ville de l'Arizona, dont on va vite se rendre compte qu'ils vont préparer un casse.
C'est un film qui va très vite (87 minutes montre en main), pas un gramme en trop, et dont on se dit que aujourd'hui, un Michael Mann en ferait un remake de 150 minutes pour la même chose. Ici, on sait tout des principaux caractères, tous typés de manière particulière (Lee Marvin y apparait comme enrhumé, avec ses gouttes au nez), mais le casse en lui-même n'est pas la principal sujet du film, mais il y a aussi l'histoire d'un homme (Victor Mature) qui cherche l'amour de son fils. Le film tient souvent au genre du mélodrame, avec cette ville perdue au fond de l'Arizona, qui a l'air coupée de tout, et dont on en verra rapidement les limites grâce à la superbe réalisation de Fleischer, qui gère le Cinemascope comme peu de gens auront su maitriser ce format.
Le casse intervient, donc on tombe plus dans le genre policier, avec une dernière partie dans une grange, où va intervenir Ernest Borgnine, étonnante de sauvagerie, où le lieu va littéralement devenir une place assiégée par les bandits.
Fleischer excellait dans la série, et c'en est une, sans être péjoratif, mais qui va tout droit, nous présente des personnages au fond très humains (Lee Marvin est formidable), et dont il faut aussi saluer la photographie du film qui, grâce au dvd, permet de profiter de ces couleurs éclatantes, ce qui est peu courant dans un tel genre.
Il faut vraiment saluer l'excellent travail de Fleischer sur ce film, que je trouve enthousiasmant de bout en bout !