Depuis quelques temps, j'essaie de rattraper mon retard en matière de films de gangsters de la deuxième moitié du XXème siècle (De Palma / Scorsese / Pacino / De Niro...). Mon parcours devait donc inévitablement passer par Les Incorruptibles. Un film dont j'ai l'impression d'avoir toujours entendu parler, mais dont je ne savais à peu près rien.


Première chose qui m'a frappé pendant le visionnage : c'est très "hollywoodien". Beaucoup plus, en tout cas, que Scarface et L'Impasse (du même réalisateur), que j'ai récemment (re)découverts. Là on a clairement les gentils d'un côté, les méchants de l'autre, avec pas mal de clichés : la scène où Ness refuse le pot de vin, le serrage de main avec Andy Garcia à la fin, les scènes avec la famille de Ness, la musique épique pendant la baston sur le pont... Mais attention, je ne dis pas que c'est un défaut. C'est juste un peu surprenant de voir un film de gangsters qui n'est pas raconté du point de vue de ces derniers.
Ici De Niro est le méchant. Point barre. Rien à voir donc avec Michael Corleone ou Henry Hill par exemple... Mais pourquoi pas, ça va me changer. C'est plutôt marrant de le voir éclater la tête d'un type à coups de batte de base-ball. Cette scène, censée nous le faire détester, m'a rappelé aussi bien Darth Vader que Tony Montana. Cet exemple illustre bien le type d'univers manichéen dans lequel on se situe. Une fois passée la surprise de cet état de fait, on peut apprécier facilement la reconstitution fidèle (?) du Chicago des années 30, ainsi que l'histoire et son déroulement qui, s'ils restent plutôt classiques, n'en sont pas moins efficaces.


Au delà de cet aspect un peu simpliste, De Palma se fait plaisir et nous livre une réalisation des plus impressionnantes. Le rythme est, de manière générale, très bien maitrisé, avec une bonne alternance de suspense, de scènes d'actions, de dialogues, et de scènes d'émotion. Parmi les scènes très réussies, on peut citer le plan-séquence juste avant le meurtre de Wallace, où la caméra se balade dans le couloir, presque au hasard (mais en fait pas du tout), en suivant les différents protagonistes jusqu'au moment fatidique. Pour la petite histoire, il paraîtrait que c'est cette scène qui a inspiré Scorsese pour le plan-séquence des Affranchis (l'entrée au restaurant). La scène en vue subjective (avant le meurtre de Malone) et bien sûr l'inoubliable scène de la gare sont à retenir aussi. Je n'ai d'ailleurs pas pu m'empêcher de comparer la scène de la gare avec celle de L'Impasse, où le montage est très différent (coupes rapides et nerveuses contre long plan en crescendo), et même si le suspense est très palpable dans Les Incorruptibles, je crois que j'ai préféré celle de L'Impasse, et ce pour une seule raison : la musique.


J'ai eu un problème avec la musique du film. J'ai trouvé que, la plupart du temps, elle n'allait pas du tout avec les scènes. Elle était tantôt bizarre, voire embarrassante (le petit-déjeuner d'Al Capone, la poursuite sur les toits entre Ness et Nitti...), tantôt très générique (l'embuscade sur le pont, la fin...). J'avoue que j'ai été surpris de voir que c'était Morricone le compositeur, mais qui peut le plus peut le moins ! Néanmoins, la réalisation efficace suffit à rendre les scènes très intenses, elles auraient juste pu l'être encore plus avec une musique plus adéquate.


Dernier point : le casting. J'ai un peu de mal avec Kevin Costner. Son visage est peu expressif, ce qui limite l'empathie. Et puis sa voix... Sa voix nasale est insupportable ! Cependant, même s'il aurait pu être plus subtil, il campe un bon Eliot Ness. Pour le reste, c'est plutôt du tout bon : Sean Connery joue un flic irlandais (ironie...), De Niro s'autoparodie à moitié mais reste très pro (parait qu'il a été jusqu'à chercher le vrai tailleur d'Al Capone pour se faire faire les mêmes costumes), Garcia a cette même tête de rongeur attendrissant voulant se faire passer pour un dur qu'il avait déjà dans Le Parrain III. Et le gars qui joue Wallace a cette tête typique du mec que t'as vu dans 50 films, mais que t'es incapable d'en citer un seul, et encore moins de retenir son nom. Mais il correspond très bien au rôle !


En conclusion, un petit divertissement bien sympathique, sans grande prétention mais très bien mené, avec des vrais acteurs et quelques morceaux de grandeur. On se laisse facilement emporter par l'histoire, on passe un bon moment, et on y reviendra volontiers. Que demander de plus ?

YellowStone

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