Tout juste un an après la comédie mineure Mafia Salad, Brian De Palma revient pour un gros projet qui allait devenir l'un de ses films cultes : l'adaptation de la série télévisée des années 60 "Les Incorruptibles". Condensée en deux heures, l'histoire de la lutte d'Eliot Ness et de sa bande contre le puissant Al Capone est ici mise en scène d'une main de maître par le réalisateur de Scarface, De Palma s'étant entouré d'une pléiade d'artistes aussi talentueux que possible comme Robert De Niro, l'alors méconnu Kevin Costner, l'excellent scénariste David Mamet et le compositeur Ennio Morricone.
Authentique film de gangsters, Les Incorruptibles nous entraine dans le Chicago violent des années 30 où règnent prohibition, corruption et exécutions. Seuls contre tous, Eliot Ness et ses trois acolytes se battent sans relâche contre le dangereux Al Capone et son armée de truands qui font régner la terreur en ville. Capone, c'est De Niro : classe, souriant, blagueur devant les journalistes mais qui n'hésite pas à fracasser le crâne d'un sous-fifre après avoir fait l'éloge du base-ball. Face à lui, Ness, interprété par la révélation Kevin Costner, parfait en rôle principal sensible et déterminé, aux côtés de Sean Connery, ici impérial en semi-mentor à la langue bien pendue.
À ce scénario haletant bien qu'un peu trop précipité, cette interprétation hors-pair accompagnée d'une musique exaltante et de scènes d'action tonitruantes ne manquait que la touche de De Palma, ses mouvements de caméra vertigineux, ses plans-séquences et son sens aigu de la mise en scène à travers des scènes immédiatement cultes comme l'embuscade à la frontière canadienne ou encore cette impressionnante fusillade sur les escaliers de la gare de l'Union Station de Chicago. Ainsi, avec Les Incorruptibles, Brian De Palma prouve une nouvelle fois son talent de metteur en scène et signe ici l'extraordinaire adaptation d'une des séries télévisées les plus regardées des années 60.