"Les Incorruptibles" ("The Untouchables" en version originale) est un polar américain sorti en 1987, réalisé par Brian De Palma, et mettant vedette Kevin Costner, Sean Connery, Andy Garcia, Charles Martin Smith et Robert De Niro. Adapté librement de la traque qu'a menée Eliot Ness contre Al Capone dans les années 1920, "Les Incorruptibles" est une plongée sanglante à l'époque de la prohibition. Alerte chef-d’œuvre !
S'il est un thème qui a été abordé sous toutes les coutures possibles au cinéma, c'est bien celui de l'opposition entre le bien et le mal. Un concept qui semble aujourd'hui bien simpliste, la difficulté étant d'arriver à ne pas tomber dans la caricature. Brian De Palma, quant à lui, réussit aisément à utiliser ce thème, le rendant intéressant grâce à sa mise en scène déroutante.
En effet, le spectateur est bercé pendant tout le film au rythme de l'alternance entre plongées et contre-plongées, ce qui permet de semer le doute quant à la vraie nature des personnages. Typiquement, l'utilisation de la contre-plongée permet de souligner les défauts d'un personnage. Eliot Ness étant le protagoniste, le cinéaste ne devrait normalement pas utiliser ce procédé avec ce personnage. Cependant, le choix du cinéaste est vraiment pertinent sachant le contexte du récit : c'est l'époque des années noires de Chicago. Époque pendant laquelle la corruption était le mot d'ordre. Peut-on donc dire qu'il y avait vraiment des gentils et des méchants ? Le long-métrage est donc à ce niveau-là vraiment intéressant car le récit nous pousse à donner instinctivement une réponse alors que la réalisation amène à donner une réponse plus ambigüe.
Par ailleurs, l'exigence technique du réalisateur se concrétise également par un fabuleux plan-séquence nous plongeant dans le point de vue d'un des antagonistes s'infiltrant dans la maison de Jim Malone (Sean Connery). Le procédé suscite alors un suspense insoutenable le temps d'une minute. De plus, toujours pour illustrer l'exigence du cinéaste, on peut citer également la scène de la gare, sans doute la meilleure du film, avec son ralenti ultra pesant diminuant la violence physique pour la remplacer par une agitation davantage psychologique.
De surcroît, la reconstitution du Chicago des années 1920 est très stylisée avec ce film. Costumes signés Giorgio Armani, grande composition d'Ennio Morricone (peut-être sa meilleure), scènes de fusillades en veux-tu en voilà, répliques cyniques ... on est servis ! "Les Incorruptibles" a ce côté très exagéré par moments qui, pour moi, sied bien à l'époque qui est évoquée dans le film.
Enfin, j'aimerais terminer en évoquant les acteurs, d'une classe incommensurable. Tout d'abord Kevin Costner, fabuleux en Eliot Ness, personnage charismatique, droit dans ses bottes en apparence mais qu'on voit évoluer tout le long du film en raison de la survenance de certains événements. L'acteur ne doit d'ailleurs sa place dans le film qu'en raison du désistement d'un certain nombre de grands noms : Don Johnson, Michael Douglas, Harrison Ford ou encore Mel Gibson ont refusé le rôle.
"Les Incorruptibles" marque aussi la consécration pour Sean Connery dans son rôle de vieux briscard pour lequel il se voit offrir l'Oscar du meilleur second rôle. En parlant de second rôle, un qui excelle particulièrement dans cette œuvre est Mister Robert De Niro, dont chaque geste est calculé. L'acteur ne fait vraiment rien au hasard. On peut saluer également les performances d'Andy Garcia et de Charles Martin Smith, l'un dans son rôle de tireur hors pair, l'autre dans celui d'un homme à l'esprit vif.
Au final, cet ensemble de personnages variés contribue notamment à la réussite du film. "Les Incorruptibles" est un film à intrigue mais également un film centré sur les personnages, le tout étant sublimé par une mise en scène aux petits oignons.
J'adore !