« The Departed », c’est un peu la croisée de deux projets. D’un côté, pondre un remake américain du polar hong-kongais « Infernal Affairs ». De l’autre, s’inspirer librement du célèbre gangster bostonien Whitey Bulger… qui a d’ailleurs eu le droit à son propre biopic en 2015, avec Johnny Depp. Et le résultat est franchement réussi !
Le film de Martin Scorsese colle à la trame du polar hong-kongais, vénéneuse à souhait avec cette intrigue tendue de double infiltration (le flic chez les gangsters, le gangster chez les flics). La version américaine se permettant toutefois d’ajouter 50 minutes supplémentaires. L’occasion de développer davantage de personnages secondaires, et de creuser l’origine de nos protagonistes (dans la version hong-kongaise, leur origine était expédiée, au profit des suites/préquels). Ou d’ajouter de la lisibilité sur l’intrigue. Le tout sans perdre la tension et la noirceur du récit, grâce à la maîtrise totale de Scorsese.
Avec en prime une belle plongée dans le banditisme irlandais et bostonien, avec de jolis accents et une BO qui fonctionne bien (les Dropkick Murphys perceront d’ailleurs vraiment grâce à ce film). A ce niveau, pour son dernier grand rôle, Jack Nicholson s’éclate en baron du crime psychotique, craint de tous, et exubérant. La légende raconte que pour le tournage d’une scène, l’acteur amena une vraie arme afin d’effrayer Leonardo DiCaprio. Une improvisation à moitié étonnante venant de lui, et probablement pas la seule au vu des mimiques et petites explosions que Nicholson nous livre !
Les autres acteurs ne sont pas en reste, la distribution étant particulièrement luxueuse. Des seconds rôles qui apportent du sel, tels Alec Baldwin, Martin Sheen, ou Mark Wahlberg en policier des plus grossiers. Et bien évidemment nos deux têtes d’affiches. Leonardo DiCaprio, imprégné à fond dans ce rôle de flic infiltré en enfer. Et Matt Damon, sinistre et cynique dans ce semi-contre-emploi de criminel infiltré chez les proprets.
A l’arrivée, « The Departed » peut donc se targuer de faire partie des remakes américains équivalents ou supérieur à l’original.