Audrey, Manu, Angélique et Hélène, bénévoles au centre d’accueil l’Envol, s’engagent envers et contre tout auprès des femmes démunies. Et c’est avec les moyens du bord, qu’elles gèrent les allers-retours des pensionnaires et la spirale administrative SECU-RSA-POLE EMPLOI. Une organisation bien trop rodée et peu ancrée dans le réel qui malheureusement réduit ces femmes à un hamster dans leur cage, pour reprendre les mots d’Audrey, et de facto rend leur réinsertion inenvisageable. Peut-on encore croire en quelque chose quand le peu que l’on est ou que l’on a nous semble dérisoire ? Audrey et son équipe vont devoir mettre les bouchées doubles, la vie de ces femmes et du centre en dépend.
La caméra dans les Invisibles n’a pas la vivacité frappante et bancale d’un Rosetta. Audrey Lamy n’est pas non plus Marion Cotillard se trainant à bout de souffle Deux jours et une nuit durant pour sauver son emploi. Le drame est déjà visible dans nos rues et Petit l’aborde ici sous un autre angle. Les partis-pris esthétiques des Invisibles ne révèlent pas cette part d’ombre propre aux drames sociaux et s’affichent au contraire comme légers mais drôlement efficaces. Comédie sociale donc ? N’a, sans aucun doute, de social que son sujet. Le regard que porte et assume le cinéaste en témoigne du moins. Il ne s’agit pas de dénoncer mais de sensibiliser. La portée politique du film n'a pas la prétention d'aller plus loin. Petit préfère ici juste évoquer le revers trash des maux dont souffre notre société qu’un Thierry Taugourdeau ne nous aurait, en revanche, pas épargner. À l'inverse, dans les Invisibles, on rit. Souvent d’ailleurs. Pas de place pour la pitié non plus. On est dans du social édulcoré mais peint d'une justesse à en sortir le ventre noué, à se dire qu’après tout nous aussi on refilerait bien notre grille-pain à réparer pour aider Chantale. Parce que Chantale n’est pas la seule Chantale et c’est bien ça le cœur du drame des Invisibles : il se poursuit aux coins de nos rues.