Comédienne abonnée aux seconds rôles, la française Anne Le Ny s'est tournée vers la réalisation avec une certaine réussite : après le succès d'estime de son premier long ("Ceux qui restent"), elle revient avec "Les invités de mon père", petite comédie dramatique qui ne paye pas de mine, mais présente des personnages particulièrement bien écrits, anti-manichéens au possible.
De Michel Aumont en vieux médecin respecté de tous, ancien résistant et militant gauchiste, qui dérape en accueillant chez lui une immigrée clandestine moldave, elle-même cupide et un brin raciste, en passant par Fabrice Luchini (fils "rebelle" aux valeurs individualistes) et Karin Viard (admiratrice éperdue de son géniteur), joli duo de frères-sœurs opposés mais complices, Le Ny croque une galerie de portraits sans concession et d'une drôlerie parfois irrésistible.
Après, il manque trop de choses aux "Invites de mon père" pour en faire un standard de la comédie (l'humour notamment restant à dose homéopathique), mais il n'empêche que j'ai passé un vrai bon moment sur ce sujet casse-gueule, le film évoquant un peu le cinéma d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, dans cette empathie pour des personnages auxquels ils ne font pourtant aucun cadeau.