Ma grand-mère, qui était une sage femme, avait coutume de dire : « Min fieu, tout ch’qui est findu, n’est nin à ruer in vu » (je traduis pour les néophytes en picard « Mon gars, tout ce qui est fendu, n’est pas à jeter à la rue »). C’est sur ce sage conseil, que je me suis enfin décidé de voir « Les jardins du roi », non pas défendus mais bien descendus par la critique et boudés par le public…
- Le Nôtre à 69 ans, Louis XIV 44. Je pense que les maquilleurs se sont plantés car le célèbre architecte paysager en paraît 35 de moins, et le roi soleil 15 de plus… La Monstespan déjà en disgrâce depuis 1 an avec l’affaire des poisons est évoquée comme batifolant à la cour… A l’époque elle rasait plutôt les murs… Ici et là… quelques meubles, accessoires et tentures datent plutôt du XVIIIème… ou appartiennent à un style plutôt anglais… Bon je suis pinailleur c’est vrai après tout ce n’est qu’une fiction… Madame de Barra n’ayant jamais existé, on peut tout se permettre jusqu’à la familiarité protocolaire du Roi Soleil à la fin… Soit…
La fiction, permet de nous transporter dans un univers romanesque… nous émerveiller par de somptueuses reconstitutions, nous faire rêver quoi… Force est de constater que James Merifield, décorateur, n’est jamais venu à Versailles, ni même ouvert un livre d’image sur le château en question… car son travail est ni fait ni à faire… ses décors sont ternes, ses pièces meublées comme dans un petit château de province, ses dorures tout droit sorties du rayon spécialisé de Leroy Merlin, et ses perspectives en trompe l’œil carton pâte (fainéantise ou peur du surcoût ?) sont dignes de « L’étroit mousquetaire » de Max Linder (nous étions alors en 1922).
L’histoire est insipide… un zeste de pudibonderie, quelques attouchements, des adultères, un méli mélo bêtifiant. On regrette que Barbara Cartland n’y soit plus, le scénario tout de rose paré n’en aurait été que plus savoureux…
Mais la perle des perles, revient à Kate Winslet. Son interprétation est aussi délavée que sa coiffure dans le film. Après « Titanic », c’est un second naufrage qui s’abat sur elle !
Bref, « Les jardins du roi » sont une invitation au ratage… Dans ce film, tout n’est que toc et laideur, rictus, plate (comme diraient les québecois) et nullité…