Les jeunes amants était un projet de la cinéaste Solveig Anspach, son dernier hélas, avant sa mort précoce, inspirée par la vie de sa propre mère. On peut imaginer le film qu'elle aurait réalisé, non dénué de fantaisie et de sens de l'absurde, comme elle en avait l'habitude. Carine Tardieu, qui a repris le sujet, a sans doute une approche plus sage, assez réaliste mais pudique. 25 ans d'écart entre deux amants, faut-il le préciser, est socialement acceptable mais en général dans un sens, pas dans l’autre, et il n'est pas besoin de préciser duquel il s'agit. Le personnage qu'incarne Fanny Ardant n'a rien d'une cougar, quel vilain mot, pas plus que Melvil Poupaud n'est un gigolo, quel terme inélégant. C'est de passion amoureuse qu'il s'agit et ce n'est pas ce qui est le plus facile à faire ressentir au cinéma, quel que soit l'âge des tourtereaux, d'ailleurs. Y croit-on à cette alchimie entre ces deux êtres ? Pas immédiatement, en tous cas, mais davantage, dès lors que l'histoire se révèle difficile à vivre. Le film ne pose aucun jugement, considérant ses deux protagonistes avec une grande tendresse, et ne s'intéresse que peu au regard des autres, hormis les proches, et encore sans insister. C'est que Les jeunes amants ne se laisse par absorber par l'extérieur, ce qui compte, ce sont les vibrations sentimentales d'une liaison partagée et assumée. Pour cela, il fallait deux interprètes exceptionnels et Fanny Ardant et Melvil Poupaud le sont, assurément. La mention très bien vaut aussi pour les seconds rôles de Cécil de France, de Florence Loiret-Caille et de l'étonnant Sharif Andoura.