Romain Goupil est une icône de 1968. Il a tracé un chemin de marginal dans le paysage du cinéma français, influencé par son histoire de leader lycéen de 68 et les conséquences de son engagement politique, qui a beaucoup évolué depuis les années soixante, des guerres de Yougoslavie au soutien à l'intervention américaine en Irak.
Les Jours venus se présente comme une forme de chronique autobiographique, Goupil se mettant en scène aussi bien dans sa vie familiale, dans sa vie sociale que dans sa vie professionnelle. Il entrelace un récit au présent avec des retours sur la guerre de Bosnie et la rencontre avec la jeune femme de Sarajevo qu'il a épousée. Il prend le parti de ne rien cacher, et surtout pas ses petitesses et les micro humiliations qu'il peut subir, notamment de la part de sa productrice (Noémie Lvovsky, formidable) qui l'écoute d'une oreille souvent distraite et sceptique. Il ne jette pas le voile sur les amitiés amoureuses avec des jeunes femmes, notamment sa banquière atypique et névrosée (Valéria Bruni-Tedeschi, qui n'a pas trop d'efforts à faire pour incarner la névrose).
Goupil a soixante ans, il est obligé de s'intéresser à sa retraite par la force des choses et de l'administration. Il se dépatouille comme il peut avec sa vie, avec l'angoisse de la mort, qui rode obstinément et qu'il essaie d'exorciser en essayant de prévoir ses funérailles, et en les filmant.
Le plus séduisant dans ce film c'est le ton : autodérision, humour, emportements, c'est le sismographe de ses émotions, de ses pulsions, de ses désirs. C'est le regard qu'il porte sur lui-même, avec une forme de désinvolture et parfois d'auto-apitoiement vaguement amusé et ironique, sans complaisance mais avec une certaine douceur. C'est pour toutes ces raisons qu'on se laisse séduire par ce film hors-normes et attachant.