Franchement admiré en 1988, lors de sa sortie (avec quelques oscars raflés au passage), puis rapidement reconsidéré du fait de la sortie d'un "Valmont" un peu moins "dans le spectacle" par Milos Forman, "les Liaisons Dangereuses" se révèle aujourd'hui un film plus que discutable, mais à l'impact néanmoins toujours aussi dévastateur sur son spectateur... ce qui était, bien entendu, l'objectif de cette entreprise aussi conventionnelle que parfaitement exécutée : soin apporté aux décors et aux costumes, scénario "théâtral" simplifiant le livre de Laclos, acteurs hollywoodiens en pleine maîtrise de leurs effets, tout y est selon le cahier des charges habituel. Oui, on a beau se savoir délicieusement manipulé par des professionnels qui savent parfaitement ce qu'ils font - mais la maîtrise n'est-elle pas le sujet du film, de toute manière ? -, on adore se laisser égarer par l'apparence lisse de la première partie du film, la langueur maniérée de scènes élégantes, pour mieux se trouver englouti dans le torrent dévastateur de la fin : la dernière demi-heure du film, pendant laquelle Malkovich, et surtout Glenn Close, font littéralement des merveilles tout en gardant une mesure remarquable, et où l'horreur absolue des jeux aux charmes desquels on a pu succomber jusqu'alors éclate aux yeux de tous, est un grand moment de Cinéma, envers et contre toute attente. [Critique écrite en 2014]