A mes yeux, "Les liens du sang" est un film qui vaut la moyenne, mais auquel je rajoute un point supplémentaire en raison de sa volonté de rendre hommage au cinéma policier des années 70, auquel je ne pouvais qu'être sensible - en bon amateur de polar et de cinéma français de cette période.
En effet, la reconstitution s'avère très réussie, au même titre que la photo signée Luc Pagès, qui s'évertue à reproduire le grain de l'image typique des seventies - de sorte que le spectateur se sent véritablement immergé dans cette époque où les français portaient du cuir et roulaient en Renault 12 ou en Peugeot 304.
L'immersion fonctionne donc, à un sérieux détail près : les postiches grotesques juchées sur la tête des deux héros, ridiculement artificielles, en particulier dans le cas de Guillaume Canet, même si sa moumoute est théoriquement plus discrète que celle de son "frangin" Cluzet.
Je ne m'explique pas une telle faute de goût, si ce n'est probablement pour coller au véritable look des frères Papet, dont le livre "Deux frères : flic et truand" a servi de base au scénario des "Liens du sang".
Le film de Jacques Maillot narre donc ces deux destins parallèles dans la région lyonnaise, n'hésitant pas toutefois à romancer la réalité, à l'image du dénouement tragique (et plutôt raté : trop abrupt et guère bouleversant), complètement inventé pour l'occasion.
"Les liens du sang" n'est jamais ennuyeux mais jamais palpitant non plus, déroulant gentiment ses péripéties, rarement surprenantes et parfois convenues. Il manque clairement un objectif principal, et un point de vue sur cette histoire, qui lui donnerait du relief et de la perspective.
Même ressenti au niveau de l'interprétation : tout le monde fait le job au sein de la riche distribution, mais personne ne transcende véritablement son personnage.
A ce sujet, grosse déception quant au casting féminin : les "jolies filles" étant incarnées par Clotilde Hesme (aïe) et Marie Denarnaud (ouille), surtout lorsqu'on repense à la brochette de canons (Kunis - Saldaña - Cotillard) convoquées par Canet lorsqu'il s'attellera à réaliser le remake américain (intitulé "Blood ties")...
J'aurai surtout souligné les défauts, mais ceux-ci ne m'ont pas empêché de passer un bon moment devant "Les liens du sang", honorable divertissement.
D'ailleurs, il est à noter que le polar seventies était à l'honneur en cette année 2008, puisque quelques mois plus tard sortait sur les écrans le diptyque "Mesrine" de Jean-François Richet, qui creuse un peu le même sillon que Maillot, mais avec davantage d'ambition et de talent.