Mère, fils
La cinémathèque française a eu l'excellente idée de diffuser "Les longs adieux" de Kira Mouratova et ce jusqu'au 5 avril,"en solidarité avec l'Ukraine". "Figure marquante du cinéma soviétique et...
Par
le 24 mars 2022
1 j'aime
1
Une serre en noir et blanc, ouvre la trame narrative de ce deuxième film de Kira Muratova, qui joue une superbe partition intimiste, s’attarde de nouveau sur un monde en rupture, déconstruit les rapports entre une mère, et son fils, sous l’attraction d’un père éloigné ou absent ou fantasmé.
Comme dans « Brèves rencontres », le piano de Oleg Karavaitchouk distille une ambiance élégiaque ou obscure.
La caméra mobile se love avec finesse dans cette défiliation, celle d’Evguenia Vassilevna, la mère éperdue, bavarde, séductrice, insupportable, et son fils, Sacha, silencieux, rêveur, décalé.
Le montage, fait syncoper les visages en gros plan, les regards appuyés, les dialogues incessants et répétitifs, les rires forcés, les jeux de mots, les sens y compris celui de l’humour, mais vite grinçant...
Les fleurs et leurs reflets, les racines que l’eau sculpte, la mer, se téléscopent avec les intérieurs bourgeois qui concentrent l’incommunicabilité, entre la femme, crétine topographique et l’adolescent, étouffé d’affection.
Les stades glaiseux où la jeunesse s’ébat sur fond de cités ouvrières, la poste dans laquelle la lettre qui s’écrit se destine aux êtres qui manquent, la gare floutée au loin, laissant voir le train, partir vers un horizon gris, autant de palimpsestes chers à Muratova.
Rêve éveillé, rêve d’argent de l’adolescent, en miroir d’une société russe en quête de liberté, tourné en 1971, ce film poétique fut évidemment perçu comme ‘bourgeois, mielleux, et condamné par le comité central du Parti’.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 12 oct. 2019
Critique lue 372 fois
3 j'aime
D'autres avis sur Les Longs Adieux
La cinémathèque française a eu l'excellente idée de diffuser "Les longs adieux" de Kira Mouratova et ce jusqu'au 5 avril,"en solidarité avec l'Ukraine". "Figure marquante du cinéma soviétique et...
Par
le 24 mars 2022
1 j'aime
1
Avant de voir la bande-annonce de cette retrospective dédiée à Kira Mouratova dans un cinéma indépendant parisien, je ne savais pas qui elle était et j'ignorais même qu'il s'agissait d'une femme. Ce...
le 6 sept. 2020
1 j'aime
L'inverse si l'on veut du schéma instauré dans "Mère et fils" de Sokourov. Trop d'amour également, mais ici c'est une mère qui doit apprendre, en moins dramatique certes, à repenser sa vie après le...
Par
le 5 oct. 2023
Du même critique
Série documentaire de Ken Burns et Lynn Novick, en 9 parties, résultat d’un travail de 11 ans, à voir in extenso et pour certaines parties, à revoir, tant du point de vue historique, que sociétal...
Par
le 27 sept. 2017
13 j'aime
L'exil et sa dernière errance au Brésil de Stefan Sweig loin de cette Europe déchirée de 39/40, seront sobrement filmés par Maria Shrader. Invite à relire le témoignage de ce grand esprit du siècle...
Par
le 11 août 2016
11 j'aime
Rome ville déserte, aux larges avenues, aux ensembles rectilignes, subjuguant un cinéaste visionnaire. Plusieurs plans appuyés sur un entassement de briques. Les dernières images sur une façade...
Par
le 12 juin 2016
8 j'aime
3