La cinémathèque française a eu l'excellente idée de diffuser "Les longs adieux" de Kira Mouratova et ce jusqu'au 5 avril,"en solidarité avec l'Ukraine". "Figure marquante du cinéma soviétique et ukrainien ensuite, des années 1960 jusqu'au XXIe siècle, Kira Mouratova fait partie des cinéastes les plus censurés de la période de la stagnation soviétique. Elle réussit pourtant à résister dans des contextes aussi divers que difficiles, traverse la fin de l'ère soviétique, l'entre-deux de la perestroïka puis les premières décennies post-soviétiques et l'effondrement de l'industrie cinématographique. Ses derniers films sont produits avec le soutien du ministère de la culture d'Ukraine. Disparue en juin 2018, elle a réalisé, en 45 ans, 16 longs métrages et 4 courts."©La Cinémathèque française : https://www.cinematheque.fr/henri/
Dès les premiers plans, le film surprend par son audace filmique. Gros plans sur les visages, les mains, passages du net au flou, travellings et mouvements de caméra audacieux, en mouvement et filmant des corps qui le sont aussi. Les dialogues sont acérés, impertinents. Le film est traversé par des scènes d'une grande beauté. C'est une chorégraphie qu'effectuent dans leurs déplacements la mère et le fils. Une partition au piano épouse parfaitement les images, parfois remplacée par le ressac de la mer, des musiques populaires et même"Black is black" de Los Bravos (1967), mais reprenant, entêtante. Le désir sexuel est imaginé par des caresses sur les cheveux,
un ruban ramassé. Les personnages sont souvent filmés au travers d'autre chose, et on en a une perception parcellaire. Très vif et très bavard, le film frappe par sa contemporanéité. Les visages sont d'une grande expressivité. La scène du repas est un condensé du savoir-faire de la réalisatrice. Long adieu entrecoupé de scènes toujours surprenantes et splendides, le film se conclue muet, une chanson folk chantée en live. Cette pépite d'un superbe noir et blanc est à découvrir absolument.

abel79
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le 24 mars 2022

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