Que les amateurs de scénario bien ficelés passent leur chemin, que les amateurs de belles images passent leur chemin, que les amateurs de beau jeu passent leur chemin...
Qu'entrent ici, les amateurs de séries B, les cinéphiles sans prétention, les amoureux de Joe Dante car c'est lui qui réalise ce film et nul n'y fut jamais mieux destiné que cet enfant de la télévision et du cinéma, fan de dessins animés et de cinéma d'exploitation fifties. Il était fait pour réaliser un film qui avec tous ses défauts ne laisse aucun doute sur la motivation des studios tout en restant une friandise pour amateur de série B. Etonnament et bien que le film ait été charcuté par les studios, il livre ici un film d'auteur au sens propre de par ses défauts même. Beaucoup de choses sont mauvaises ici mais tout y est dantesque. On y trouve d'abord les acteurs fétiches Dick Miller et Robert Picardo. On y trouve un caméo du père cinématographique de Dante, Roger Corman. La musique est faite par Jerry Goldsmith, le compositeur attitré de Dante qui avait notamment composé la musique des Gremlins dont on entend le thème à moment, comme ça en passant. Ce sera, d'ailleurs, le dernier film de Goldsmith. Les références cinématographiques pleuvent et ne pourraient être citer exhaustivement : Timothy Dalton en espion dont la couverture est d'être une star de cinéma jouant les espions, Space Jam, La Planète interdite, Psychose dans une scène mémorable Batman dont n'oublions pas que Dante a failli réaliser un film avant que Tim Burton n'entre en scène et même Star Wars d'une manière qui pourrait être putassière si elle n'était pas si parfaitement, eh bien, tunesque...
C'est drôle, c'est sincère sans se prendre au sérieux, c'est conscient de ses défauts, c'est moqueur avec légèreté et élégance. Et, à la fin du film, vient une question : est-ce qu'un aussi mauvais scénario tourné sous l'étroite surveillance des studios aurait pu être, non pas mieux fait, mais de manière plus adéquate ? Est-ce qu'une meilleure image, un meilleur jeu d'acteur, de meilleurs effets spéciaux aurait pu rendre ce film meilleur ? Etrangement, je ne pense pas car ici le fond et la forme sont en parfaite adéquation et la seule chose qui aurait pu rendre ce film meilleur, c'est la liberté donnée à Joe Dante de faire quelque chose d'encore moins grand public, d'encore plus tunesque et d'encore plus dantesque. Doit-on plaindre Joe Dante ? Je ne pense pas. Il est chez lui ici, à faire des films d'exploitation d'auteur qui ne font pas d'entrée, voué à entrer au Panthéon du cinéma par la petite porte, discrètement, le sourire aux lèvres et l'oeil malicieux.