The Wolves, c'est un Tatsuya Nakadai totalement habité qui transcende, une fois n'est pas coutume son personnage, dans un rôle à sa mesure. A l'image du Hanshiro Tsugumo dans Hara-Kiri de Kobayashi, il vampirise quasiment l'écran avec son regard desespéré du ronin à fleur de peau, il interprète un samouraï des temps modernes dans un Japon anéanti où ne restent que des usines désaffectées et des épaves de navires, victimes de la corruption des gangsters et de l'état, des pirates qui échouent les navires, des politiciens magouilleurs qui affâment le bon peuple... on retrouve un peu du souffle révolutionnaire qui jonchait une oeuvre comme La Vie D'un Tatoué de Seijun Suzuki.
Hideo Gosha, le chantre du chambara crépusculaire réussit sur tous les plans avec ce ninkyo désenchanté et quasi apocalyptique à la photographie épatante. Tatusya Nakadai y trouve l'un de ses rôles les plus aboutis. C'est d'une mise en scène très théâtrale que découle les moments de bravoure quasi perpétuels qui jonche cet œuvre unique emprunte de délicieux moments contemplatifs très esthétiques, je pense aux scènes nocturnes sur la plage, l'image de l'épave de bateau qui revient fréquemment, comme ultime refuge des hommes contre la puissance destructrice de la corruption et du haut banditisme.
C'est avec un vrai regard d'auteur que Gosha livre un constat sans concession d'un Japon soumis aux règles des magouilles politiques et des yakuzas implacables, il n'oublie pas de dresser un vrai constat social.
La réalisation est très soignée, la photographie à tomber, les interprètes excellents, ce qui fait de ce film pas obligatoirement le plus célèbre de son auteur, sans doute l'un de ses plus réussis, mon favori en tout cas Un chef d’œuvre.