Le premier long-métrage d'Amr Gamal, 10 jours avant le mariage, a été le premier film yéménite exploité commercialement dans son pays d'origine, depuis trois décennies. Son second, Les lueurs d'Aden, est lui le tout premier film yéménite de fiction à être distribué en France. La guerre civile, seule actualité relayée parfois, concernant cette région du monde, n'est pas montrée directement dans Les lueurs d'Aden qui s'intéresse aux difficultés économiques qui en résultent et qui plombent la plupart des familles. C'est le cas de celle d'Isra'a et de son mari, avec leurs trois enfants, et un quatrième en route, qu'ils ne peuvent se permettre. Commence alors un chemin de croix, celui d'un avortement que la société ne saurait accepter, pour des raisons religieuses qui cachent surtout une hypocrisie générale, y compris auprès des proches d'Isra'a. Jamais misérabiliste, le film joue pleinement la carte du réalisme (il est inspiré de situations réelles), avec une mise en scène sans chichis mais soignée et un montage particulièrement fluide. Un long-métrage comme une tranche de vie, particulière à un pays qui n'arrive pas à sortir de l'engrenage de la violence, et universel de par ses préoccupations morales et économiques. qui ne peut que séduire par l'absence de pathos et de gras dans sa réalisation.