De prime abord, voir Christophe Honoré réaliser une adaptation de la Comtesse de Ségur peut sembler déconcertant. Mais le réalisateur, en plus d’être dramaturge, est également auteur de romans pour la jeunesse. On sent dans ses Malheurs de Sophie un plaisir non dissimulé à retranscrire un classique à notre époque. C’est d’ailleurs ce qui fait la grande réussite de ce film, décomplexé et dénué de toute pression de transposition.
C’est donc avec joie que nous retrouvons l’impertinente Sophie, interprétée par une débutante emplie de charme et de spontanéité. Honoré la filme avec panache avec une caméra passionnée, toujours en mouvement, libératrice. A l’instar des actes de la jeune fille, insatiable quand il s’agit d’explorer le monde et de commettre des gaffes.
Mais toutes ces bêtises et ces initiations, le cinéaste les capte avec un grand sérieux. L’opération de sa poupée, le vol des affaires de toilettes de sa mère, la recette du thé… Ces étapes représentent pour Sophie un examen de passage entre la vie d’enfant et d’adulte. La mise en scène est à hauteur et voie d’enfants, tout semble être une question de vie ou de mort. Cette innocence pas encore perdue rappelle que l’enfance est comme un autre monde, une existence passée.
Filmé en format 4/3 pour rappeler une certaine nostalgie et souligner un ton classique, Honoré reste néanmoins dans une légèreté constante, sans oublier de faire de l’humour la pierre angulaire de son œuvre. Car il ne faut pas omettre que Les Malheurs de Sophie est avant tout destiné aux enfants. Et tandis qu’aujourd’hui, les adaptations « jeunesse » semblent vouloir crétiniser le public qui les regarde (Les Profs, Le Petit Nicolas), le réalisateur des Métamorphoses signe un film doux, simple et sincère.
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