... get married and have six kids. Then I'm going to line them up and tell them what Burma was like. And if they don't cry, I'll beat the hell out of them."
Merrill's Marauders épouse très bien la catégorie des films de guerre américains à budget modéré ayant fleuri dans les décennies qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale, et Samuel Fuller y a lui-même contribué de manière non-négligeable, en tant qu'ancien GI : J'ai vécu l'enfer de Corée (The Steel Helmet, 1951) et Au-delà de la gloire (The Big Red One, 1980) notamment. Ils appartiennent à un sous-genre auquel j'associe d'autres films et d'autres cinéastes comme Côte 465 (Men in War, 1957) de Anthony Mann, Attack! (1956) de Robert Aldrich, L'enfer est pour les héros (Hell is for Heroes, 1962) de Don Siegel, Bastogne (Battleground, 1949) de William A. Wellman.
Fuller ne s'est jamais caché au sujet de son aversion pour la guerre, liée à son expérience personnelle, sans pour autant s'adonner à des pamphlets cinématographiques militants. En choisissant le cadre d'un conflit en marge de la WW2 en Birmanie, où des soldats américains sont engagés auprès du général Frank D. Merill (sur la base de faits réels) dans des combats contre les soldats japonais non pas conventionnels mais plutôt dans une démarche d'escarmouche et de piège, il s'intéresse beaucoup plus aux difficultés quotidiennes des troupes avançant dans la jungle hostile. Bien sûr on ne nous épargne pas quelques séquences d'affrontements entre deux armées, avec des fusillades, des explosions, et toutes ces caractéristiques soporifiques en ce qui me concerne, mais ce n'est manifestement pas l'intérêt principal ici.
On parle ainsi beaucoup de l'angoisse qui précède les assauts, de la dureté des commandants qui ne laissent pas les soldats se reposer pour empêcher coûte que coûte la réunion des armées japonaise et allemande, des conditions extrêmes dans lesquelles les colonnes progressent (avec une prédominance de maladies tropicales mortelles). En ligne de mire : un régiment de 3000 hommes et sa décimation, ne laissant qu'une centaine de Gis survivants. En découle un récit très fonctionnel, sans grande surprise, pas aussi fortement critique vis-à-vis de l'engagement américain que ce qu'on pourrait attendre étant donnée la réputation de Fuller (l'horreur de la mission est claire, mais on glorifie comme toujours le corps militaire), avec un personnage de général interprété par Jeff Chandler (son tout dernier film, avant une opération médicale qui tourna très mal) assez conventionnel dans son respect affiché pour les hommes sous ses ordres mais en même temps contraint par la hiérarchie de poursuivre la boucherie.
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