Nous avons certainement ici le plus mauvais film de la collaboration assez riche entre André de Toth et Randolph Scott. La faute en revient à une idée de départ offrant de belles perspectives mais étant complètement gâchée par un scénario peu convaincant et, surtout, des personnages auxquels il est difficile de s’attacher. S’il retrouve son personnage fétiche de vengeur ou d’homme hanté par son passé, Randolph Scott incarne ici un personnage trop ambigu pour qu’on s’attache à ses tourments (le début du film le dessert beaucoup trop pour accepter cette rédemption de pacotille présentée dans la deuxième partie du film). Ses antagonistes, quant à eux, ne sont pas bien inquiétants. Seules les présences de Lee Marvin et d’Ernst Borgnine, même s’ils ne sont que des hommes de main, sauvent la mise.
Si l’ensemble ne manque pas d’action, et si certaines séquences ne manquent pas de panache, les enjeux sont trop brouillons pour apprécier les péripéties qui découlent des choix incompréhensibles des différents personnages. Les motivations des uns et des autres sont, au choix, complètement illisibles ou, au contraire, tellement évidentes qu’on comprend difficilement comment ils n’ont jamais pu être suspectés jusque-là. Au-delà de ce scénario mal ficelé et de ces protagonistes mal dépeints, les emprunts mal intégrés à d’autres films de la Paramount achèvent de rendre l’ensemble totalement bancal.
On ne peut que regretter que le point de départ du film ne soit pas mieux exploité car il y avait là un postulat susceptible de proposer une bonne série B. Ce n’est hélas pas le cas en dépit de quelques scènes bien imaginées et de la présence toujours agréable de Randolph Scott.