Les Mille et Une Nuits - Volume 2 : Le Désolé par Hugo Harnois

Le cinéma de Gomes est autant narratif que contemplatif. Empli de dialogues et de voix off au rôle omniscient, le récit s'attache aussi à filmer le détail du quotidien, la précision d'un geste, l'ennui des protagonistes. Dans ce deuxième volume, plus concret et facile d'accès que le premier, le cinéaste se plaît à s'immiscer dans la traque d'un fugitif, s'amuse à dépeindre la culpabilité humaine et n'hésite pas à casser la barrière entre le privé et le public.

Le premier chapitre, ennuyeux mais envoûtant, suit le parcours chaotique d'un rescapé de la vie, sorte d'entité plus mystique que réelle. Le mystère entourant son identité en fait une histoire originelle. Et c'est bien là l'aspect le plus intéressant, puisque jamais le réalisateur n'insuffle de rythme à cette partie. Il prouve cependant la diversité de son art, son éclectisme et sa capacité à brosser une multitude de portraits aussi divers que stupéfiants.

La troisième et dernier chapitre s'invite chez les gens dans une cité HLM et fait une triste et réelle description de la misère. Mais l'auteur le fait de manière presque documentaire et abandonne le fictionnel comme il a déjà pu le faire auparavant. En ressort alors une fraction déchirante et pessimiste, bien trop réaliste pour tendre vers un pathos exagéré.

Parlons enfin du meilleur pour la fin : le deuxième chapitre, indéniablement le plus maîtrisé, qui parvient à jouer sur le tragi-comique de manière très habile. Les vices et les pêchés des hommes sont alors les leitmotivs de cette section qui ne s'attache à jamais critiquer les coupables, mais raconter les faits avec une mise en scène théâtrale et une plume poétique. Jubilatoire.

http://septieme-sens.net