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Les Mitchell contre les Machines est probablement l'un des films d'animation les plus étranges qu'il m'ait été donné de voir au cours de ces derniers mois. Cela ne concerne pas son scénario, j'ai déjà vu des films beaucoup plus déjanté que celui là, mais plutôt sa direction artistique.

Nous suivons dans ce film la famille Mitchell, dysfonctionnelle au possible, qui doit sauver l'humanité des vilains robots pilotés par l'intelligence artificielle d'un téléphone portable. Cette fameuse équipe est constituée d'un père écolo survivaliste technophobe, d'une mère cherchant au maximum à dissimuler les conflits intra-familiaux, d'un petit frère passionné par les dinosaures, d'une grande sœur totalement connectée aux nouvelles technologies voulant faire une école de cinéma sans oublier un chien croisé avec un pain de mie.

Vous l'aurez compris (surtout si vous avez vu le film), les Mitchell ont pour sujet central la technologie, les réseaux sociaux et les rapports familiaux qui en découlent. Une fois n'est pas coutume, je vais commencer par le fond et terminer par la forme.

La relation entre Katie et son père fait la force du film tant ceux-ci sont à l'antithèse l'un de l'autre. L'escapade puis le sauvetage de l'humanité sert plus d'occasion pour résoudre un problème de communication et surtout de compréhension entre les deux parce que la force tient de l'adversité bien sûr. Les réseaux sociaux, normalement utilisé pour créer du lien social, sont inutiles car ils supposent un accord des deux partis pour trouver une entente commune contrairement au méchant téléphone (dont le personnage aurait gagné à être développé au lieu de rester enfermé dans une posture plus manichéenne) qui se fait "larguer" (tout comme Katie ment à son père après l'attaque) sans la moindre gêne après avoir été utilisé. Le film s'avère même être critique sur la relation qu'entretienne les humains avec les nouvelles technologies, les survivants se faisant aisément capturer pour du Wifi gratuit. Renouer avec son père suppose de faire un pas dans son sens et vice-versa. Le film, plus qu'une critique de la technologie en tant que tel, prône un usage équilibré entre deux extrêmes. Une réconciliation familiale et technologique dont une scène est la plus importante. La découverte de Katie des efforts fait par son père pour se séparer d'une partie de sa vie se fait par le visionnage d'un film de famille sur une caméra. Le père, dans son cas, essayera de s'inscrire sur YouTube.

Les robots disjonctés ont, quant à eux, plus un rôle comique et d'avancement de la narration qu'une vrai question entourant la robotique, la conscience et l'intelligence artificielle mais ce n'était pas l'objet du film et je le lui pardonne aisément.

Mais le plus intéressant est de savoir comment cette histoire est racontée dans sa forme : la culture du mème. Les Mitchell est un film tellement 2021 conçu pour les enfants de la Génération Alpha, ceux entièrement nés avec ces smartphones, intelligences artificielles et autres réseaux sociaux. J'avais parfois l'impression que le film était poreux avec les autres médium car à certains moments un mème ou un GIF apparaissait à l'intérieur de l'espace diégétique sans que cela soit de l'animation. Le primate aux étranges hurlement en est la caractéristique la plus conséquente (mais on peut inclure de nombreuses autres, la reprise d'Ozone, "la technique de conduite de papa" qui rappelle l'esthétique bien américaine du Journal d'un dégonflé, les filtres qu'utilise la mère pour masquer les défauts d'un cliché ou encore l'incendie du centre commercial sur une musique de film d'action). Je n'ai rien contre un tel phénomène (Mad God en soit témoin) mais il veut dire beaucoup. L'ajout du primate sur des scènes bien précises tient lieu du filtre que l'on appose sur une œuvre précédente pour mieux se l'approprier et surtout s'en moquer. Les Mitchell, par les réflexions de Katie dont la créativité déborde sur sur le film, devient à mes yeux un commentaire de réseau social (littéralement) du film lui même comme un de ses courts-métrages parodiques. De là à dire que les Mitchell est un film méta, il n'y a qu'un pas. Mais je pense, et cela n'est que mon avis personnel, que les Mitchell est un film de cette nouvelle époque où l'image et l’œuvre sont déformées, transformées et reprises par les autres médias pour devenir quelque chose de différent. Au moins, les Mitchell fait cela de manière intelligente.

Les Mitchell propose donc un regard nuancé et à l'heure du "C'est moi qui a raison parce que mon avis importe plus que le vôtre", "Les nouvelles technologies c'est trop bien" et autres "Les nouvelles technologies sont une abomination" cela fait du bien d'entendre qu'une potentielle réconciliation existe.

En revanche, pour ces Furbies sataniques démoniaques des enfers, aucune réconciliation ni la moindre pitié ne sera acceptable.

Créée

le 13 oct. 2024

Modifiée

le 13 oct. 2024

Critique lue 5 fois

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