Par moments, l'intrigue du film semble véhiculer l'idée d'une conversation avec le Diable. Flic désabusé et traumatisé par la mort de sa fille, Fred entretient avec le suspect d'un crime sordide une relation étrange, tour à tour ironique, brutale et complice.
Le rapport entre les deux personnages introduit un intéressant numéro d'acteurs entre les deux Jean-Pierre, Bisson et Marielle, où le premier fait figure de mal absolu, où le second, malgré ses méthodes, prétend s'ériger en justicier. Le rapport de force entre les deux s'inscrit dans une mise en scène stylisée et dépouillée qui n'est pas sans attrait. Intérieurs glacés et couloirs déserts éclairés au néon, le décor du film donne des accents de cinéma fantastique, anti-naturalistes, au dialogue entre l'inspecteur Fred et Gravier.
Cependant, le film n'est pas véritablement surprenant. J'aurais aimé que Laurent Heynemann aille plus loin dans l'exercice de style. De la même façon, le personnage interprété (brillamment) par Marielle n'est pas forcément singulier dans le registre du flic solitaire et cynique. Il lui manque peut-être une attitude plus inquiétante. L'apparence et le caractère trop "raisonnables" du film en sont probablement les limites.