"Les Moissons du Ciel", après la réussite de "Badlands", fait entrer Terrence Malick au panthéon des grands artistes du cinéma, au côté peut-être d'un Kubrick, dont il partage clairement le goût les entreprises métaphysiques plutôt que du détail psychologique : son travail, essentiellement formaliste, use de tous les artifices techniques du 7ène Art (image, lumière, montage, musique et sons) pour auréoler tout ce qu’il montre d’un vernis de beauté majestueuse et crépusculaire. Malgré son point de départ socio-politique (la dépression), Malick s'intéresse d'abord à ce que le monde a d'intemporel, de suprêmement permanent, ses personnages, animés d’hésitations, de volontés partiellement réalisées ne pouvant prétendre au même intérêt que le monde parfait dans lequel ils évoluent. Ce parti pris s'accompagne d'une liberté narrative remarquable, le cinéaste procédant davantage par associations d’idées, et rassemblant ses images dans une optique avant tout symbolique. Le résultat est un film au fantastique pouvoir hypnotique et enchanteur... [Critique écrite en 1978]