Je ne connais pas trop Terrence Malick. Je n'avais vu que Tree of life avant de regarder les Moissons du ciel. Et déjà, ce que je peux dire, c'est que l'ami Terrence est un sacré prodige de la caméra.
Les Moissons du ciel, c'est un film que je n'aurais pas dû aimer, et le problème, c'est que je l'ai quand même trouvé bien. Pourtant, il avait tout pour ne pas me plaire : des acteurs avec des têtes de gentils petits anges, une histoire d'amourette avec un peu de trahison, le tout avec une goutte d'eau de rose, et, en plus, pas d'action, c'est lent, on dirait qu'il ne se passe rien. Le fond? Juste une histoire de moissons au début du XXème siècle, rien d'extraordinaire. Mais...mais... comment se fait-il que je ne me sois pas ennuyé? Pire encore, comment se fait il que je l'aie vraiment apprécié? Pourquoi? Quelle est donc la recette de ce film?
J'ai essayé de me l'expliquer. Et j'en suis arrivé à cette conclusion : c'est beau. Il n'y a pas un plan qui ne soit pas contemplatif, la photographie ne pouvais être plus parfaite. On sent que chaque scène, chaque séquence à fait l'objet d'un travail de fou pour réussir à obtenir un rendu pareil. Et parmi toutes ces scènes, il y en a deux qui sortent du lot : une au début, une vers la fin, sublimées par un air de guitare signé Ennio Morricone.
C'est beau, et, forcément, le tout prend une tournure poétique. On essaie de résister, puis on se laisse emporter. On se laisse emporter par la douce voix off, celle de la petite sœur de Richard Gere. On se laisse emporter par ce train, à l'image des protagonistes, et pourtant ce n'est qu'un train, rien d'extraordinaire. On se laisse emporter dans ce magnifique champ de blé, et pourtant, ce n'est que du blé, juste des p***** de céréales! On se laisse emporter par cette rivière, et pourtant, elle est sacrément boueuse, l'eau doit être dégueulasse.
C'est bête, mais ça ne dois tenir qu'à ça. Pour le reste, je l'ai dit, c'est un peu à l'eau de rose, on pourrait presque s'ennuyer. Malick devrait obtenir une récompense pour avoir réussi le tour de force de faire un bon film, alors que c'était vraiment loin d'être gagné.