Jack Lee Thompson n'est peut-être pas un génie du septième art, mais il réussit avec Les nerfs à vifs un coup de maître. Thriller hitchcockien annoncé par la musique de Bernard Herrmann et ses violoncelles et contrebasses oppressants, on y suit Robert Mitchum jouant une allégorie du mal et menaçant Gregory Peck et sa famille.
C'est dans l'A.D.N. du cinéma américain de montrer ces personnages que la loi ne peut protéger, et qui devront le faire eux-mêmes. On pense évidemment à toute la mouvance du western, qui évoluera avec son public, vers les vigilante movies et les films d'action. Souvent la justice y est montrée impuissante, à moins que l'action d'un personnage la représentant n'en dépasse largement le cadre, comme pour l'inspecteur Harry.
Les nerfs à vif fait partie de ces œuvres qui questionnent cet état de fait. L'inspecteur voudrait rendre service à son ami l'avocat, en tentant de faire partir Max Cady façon Rambo. Il en conclura que, soit il y a trop de lois, soit il n'y en a pas assez. Devant se défendre lui-même, le personnage joué par Gregory Peck sera amené à tenter des actions qu'il n'aurait jamais imaginé commettre un jour. Une limite, c'est que d'emblée, le personnage joué par Peck est angélisé, et le personnage de Mitchum montré comme le mal absolu. Malgré le code Hays, on comprend vite qu'il a en vue des sévices sexuels sur la fille mineure de l'avocat. Malgré cela, ou peut-être en vertu de, le questionnement demeure. Gregory Peck est bien emmené, même si c'est malgré lui et par nécessité, sur une pente qu'il condamne.
Thriller efficace, Les nerfs à vif se termine en un duel animal, primal. Mitchum, qui apparaissait comme calculateur, s'y révèle, chemise enlevée, arpentant une sorte de jungle, comme complètement sauvage. Peck n'aura d'autre choix que de sombrer à son tour dans cette animalité. C'est la peur primaire du foyer menacé qui ressurgit, semblant effacer d'un coup tout vernis de civilisation. Par l'angoisse qu'il fait peser, Mitchum réussit à amener Peck de son côté de l'animalité. Quant à la conclusion, eh bien si vous ne l'avez pas vu, il vous reste à la découvrir par vous-même!