Vivant en Argentine, je tiens un blog sur la vie à Buenos Aires. La critique complète, agrémentée de références sortant du cadre cinématographique, est à lire ici: http://romainclarabuenosaires.blog4ever.com/blog/lire-article-637979-10292599-nueve_reinas.html
Pas d’inquiétude, la fin du film, ni même le milieu, ne seront révélés entre ces lignes !
Nueve Reinas raconte l’histoire d’un arnaqueur professionnel, Ricardo Darín, qui rencontre un jeune blanc-bec, Gastón Pauls, qui débute dans le métier. Alors qu’il le prend sous son aile, une opportunité extraordinaire se présente à eux grâce à une planche de timbres britanniques d’une immense valeur : The Nine Queens ou Las Nueve Reinas. Le film nous trimballe, accrochés aux basques de ces deux arnaqueurs de pacotille, à travers Buenos Aires à un rythme effréné. Les dialogues retranscrivent parfaitement le langage fleuri des porteños et l’intrigue ne nous laisse aucun répit. Entre personnages douteux, relations familiales tendues, bandits de bas-étage, halls d’hôtels luxueux et humour pince-sans-rire, on contemple ce monument argentin qu’est Ricardo Darín aller de surprises en déceptions, ne sachant plus si l’on doit le plaindre ou le craindre. Jamais autant attachant que lorsqu’il endosse des rôles de loser, il brille autant que ses yeux azurs et joue de son visage émacié à la perfection. On ressent dans sa performance l’essoufflement d’un homme usé par ses propres feintes. Le système se fatigue, on ne sait plus à quoi se fier, c’est toute une structure qui s’effrite, la crise approche.
Car le film se déroule juste avant la terrible crise de 2001 qui a durement marqué le pays. Le film nous laisse sentir la crise qui approche mais ne se penche pas vraiment sur le sujet. Nueve Reinas est un film d’arnaques, de magouilles, d’esquives, de combines et de labeurs sans honneur.
Darín cherche constamment une porte de sortie en voulant acheter quelque chose ou quelqu’un. Il sait que si tout semble s’assombrir, rien n’est perdu tant qu’il lui reste de quoi se payer une issue favorable. L’appât que représente un gain important à court-terme l’emporte sur toute autre logique. C’est cette poursuite d’un magot obtenu par malice qui rend le film si divertissant. Le prochain rebond n’est jamais loin et personne, spectateur compris, n’est à l’abris d’un coup de vice.
Pour une première incursion dans le quilombo argentin, Nueve Reinas est incontournable. Si le plus important quand on se lève face au générique, dans son salon ou dans une salle obscure, est de ne pas s’être ennuyé un seul instant, le film de Fabián Bielinsky est une valeur sûre.