Dans un premier temps neutre au sujet de Big Hero 6, son visionnage abonde dans le sens d’un avis finalement partagé : non sans lui concéder certains mérites et une simple efficacité d’ordre divertissante, il s’avère en effet que son double héritage l’handicape tant il échoue à satisfaire sur les deux tableaux.
S’agissant ni plus ni moins d’une adaptation de comics issus de l’écurie Marvel, son estampillage Disney (animation) promettait donc un cocktail innovant : mais si sa nature de produit cinématographique en faisait un objet hautement curieux, outre le fait que l’existence des Big Hero 6 m’était inconnue, on ne pouvait que s’interroger sur la pertinence du mariage entre un fond super-héroïque et une signature formelle propre au studio aux grandes oreilles.
Le problème étant, à juste titre, que cette dimension faisant de fil en aiguille la part belle à une équipe de justiciers sonne superficielle : tel un cheveux sur la soupe, son émergence tient du survol en termes de narration, le long-métrage déroulant facilité sur facilité au profit d’une brochette d’énergumènes archétypaux. Certes, le graphisme au poil du film, couplé au décor inspirant d’un San Fransokyo suspendu entre deux univers, confère au tout un dynamisme régalant la rétine : mais si le récit entremêle de la sorte sans sourciller action et séquences d’accalmie, tout semble donc trop réglé comme du papier à musique.
Big Hero 6 y perd donc en spontanéité, l’inventivité relative de son fond technologique n’étant alors qu’exploitée partiellement : et, au risque de se répéter, la formation et les premiers pas de cette équipe de génies hétéroclites ne convainc que trop peu. Plus implicitement, ne pas connaître les origines papiers de ces derniers souligne après coup un état de fait des plus parlants : il faut attendre le dernier quart du long-métrage (si ce n’est moins) pour pleinement saisir sa portée super-héroïque, comme si sa démarche ne collait pas vraiment à l’esprit développé une heure auparavant.
Plutôt que de tergiverser, disons que Big Hero 6 emporte davantage notre assentiment au moyen de sa thématique du deuil, dont le traitement empreint d’une certaine justesse s’incorpore sans accroc au récit dans sa globalité : pour ne rien gâcher, le film brasse divers éléments d’intrigue avec brio, Hiro occupant le devant de la scène tandis que le mystérieux « Kabuki » ira de son petit effet anti-manichéen.
Naturellement, le succès tout relatif de cette réalisation signée Hall & Williams repose en grande partie sur l’usage lumineux Baymax, aux antipodes du sidekick dont le propos serait avant tout comique : d’ailleurs parcimonieux pour ce qui est de l’humour, le long-métrage parvient donc à tisser une relation hautement touchante entre l’héritage de Tadashi et Hiro, un duo qui, si l’on excepte cette satanée finalité costumée, dote Big Hero 6 d’une portée plus profonde qu’il n’y paraissait au premier abord.
Pourvu d’indéniables qualités, cette adaptation souffre donc de sa propension au divertissement pur jus, son bel enrobage requérant de gratter un peu afin d’en saisir pleinement l’intérêt : car si l’on se contentera de sourire au rythme de quelques clins d’œil bien sentis (tel Stan Lee), l’ensemble demeurerait un chouïa quelconque en tant que tel. Fort d’un beau boulot concernant certains protagonistes, et les interactions liées, Big Hero 6 s’en tire ainsi plutôt bien.