Il y a deux épisodes dans Les Nouveaux Héros.
L’excellente première partie nous raconte la genèse de Hiro en prenant le temps de bien installer le jeune héros dans un environnement complexe et complet, c’est un très beau drame humain. Mené de mains de maître. La seconde, au scénario plus décousu, moins soigné, est
une sympathique aventure de super-héros,
ni surprenante ni ennuyante, un film calibré de scènes d’actions et d’effets spéciaux pour les enfants d’aujourd’hui. Un peu de seconde main.
Le drame personnel du jeune orphelin, ce qui l’amène à devenir ce nouveau super Hiro, est très bien écrit. Les enjeux sont forts : l’unité familiale, l’amour et l’avenir meilleur. Hiro est un jeune adolescent surdoué, mais renfermé, un peu secret. Tadashi, son grand frère le révèle. L’animation fluide sert une mise en scène impeccable dans ses moindres effets. Le scénario nous transporte des ruelles mal-famées et discrètes de San Fransokyo, à travers les architectures splendides réinvesties dans cette cité hybride, sur le Golden Gate Bridge japonisé, jusqu’à l’université où Hiro présente une révolution robotique, avant que son frère ne trouve la mort dans une explosion criminelle. Tout cet épisode cadre le jeune Hiro dans son environnement et nous donne un aperçu dense du personnage dans toute son épaisse complexité.
La seconde partie intègre des personnages aperçus dans le laboratoire de l’université, les collègues de Tadashi sont l’empathie. Jusqu’où se laisse-t-on emporter pour aider un ami ? Le scénario joue un temps avec l’identité d’un méchant menaçant, puissant. Masqué. Tourne alors la main de la vengeance de tous les côtés.
C’est un jeu autour des limites du manichéisme :
les bonnes intentions de tel ou tel personnages justifient-elles tel ou tel acte ? C’est plus lisse, moins fort émotionnellement que la prometteuse mise en place. Heureusement, l’ambiance garde un peu de comique par moment, comme la pathétique incapacité du groupe d’amis, même dotés de leurs pouvoirs technologiques, à affronter la révolution mise au point par Hiro, tombée dans de mauvaises mains.
Des applications potentielles des avancées technologiques.
Parce que oui, il y a ça aussi : de l’utilisation des inventions et avancées technologiques. Hiro crée un robot, des milliers de robots, miniatures, qui s’assemblent et interagissent. Commandés par neurotransmission, les potentialités créatrices de l’invention semblent révolutionnaires, l’ère d’une nouvelle ère de temps libre pour l’homme. La naïve bonté de l’adolescent Hiro lui fait imaginer les progrès en construction, en usinage, en transport. Naturellement, un homme au noir dessein fait main basse sur les éléments robotiques, et les modèle à son envie. Moins altruiste. Un homme blessé prépare son égoïste et inutile vengeance, d’une main de fer.
Un bon moment Disney en famille. Les petits gars adorent les robots, la bande de potes, les combats, et malgré la touche de drame, apprécient le transport. Sans compter l’aspect geek, indéniablement il y a des choses qui leur parlent plus naturellement. Un personnage surprenant tient la main des adultes pour s’occuper, et subir les entêtements, de Hiro, et dans leur complémentarité réside l’intérêt principal du film.
Le défaut de scénario crée le défaut de rythme,
et Les Nouveaux Héros n’est pas la meilleure production animée du moment, mais c’est un film agréable. Appréciable dans ce qu’il soulève de (maigre) conscience morale et philosophique aux plus jeunes. En leur laissant la main.