Voici le premier fruit, visible et inquiétant, du rachat de Marvel par Disney : un hybride ou, pour rester dans le registre héroïque, un mutant. Un film de jeunes super-héros pour enfants. L’objectif est de recouvrir, rondement, les 4.000.000.000 de dollars investis.
La ville est somptueusement réalisée, ce qui est la moindre des choses en 2015. Le spectateur en profitera amplement, car nos héros volent. Comme tout produit Marvel, il se doit de comporter plusieurs longues séquences de prises de vues aériennes avec leur lot de loopings, chandelles et piqués. Plus surprenant est le métissage culturel, nous survolons San Frantokyo, un croisement manifestement formaté pour plaire à la jeunesse des deux rives du Pacifique. Admettons.
Les Big Hero 6 seront donc six. Quatre jeunes adultes - trois élèves ingénieurs et un fils à papa -, un adolescent surdoué et un robot tout en rondeur. Le casting sacrifie au politiquement correct avec un black sérieux, une blonde chimiste, une punkette speed, un grand tout mou et un automate en surpoids, c’est Scouby-Doo revisité. Hélas, les quatre premiers sont réduits à des seconds rôles transparents.
Le scénario se concentre sur le jeune Hiro Hamada, courageux, volontaire et créateur de micro-robots révolutionnaires. Orphelin, il va perdre son frère aîné et son modèle scientifique. Seul un surprenant legs de son frangin parviendra à le tirer d’une profonde dépression : Baymax, une trousse de soins de premières urgences robotisée.
Quand, dans un film consacré à une bande de jeunes (super-héros), l’attention se focalise sur la trousse de secours, c’est le signe d’un certain vide scénaristique. N’allez pas imaginer que Baymax me soit antipathique, que nenni. S’il tient à ses débuts du nounours albinos, il évoquera un Kung-Fu Panda sur-motorisé après l’upload d’Hiro. Ce dernier s’abandonne à la colère et la soif de revanche. Un Disney est conçu autour d’un méchant. Ici, la traditionnelle sorcière cède sa place à un sombre inconnu qui déroba, jadis, le secret de ses micro-robots, afin d’assouvir ses propres désirs de vengeances. La suite est prévisible, rien de neuf en Disneyland.