Dès ses premières minutes, Les Nouveaux Héros nous dévoile toute l'étendue de sa technique quasiment parfaite. Visuellement magnifique, animé comme pas deux, d'une colorimétrie à tomber, tout semble fait pour que le moment soit irréprochablement jouissif. Rapidement, on se demande si la qualité sera constante, s'il est possible que Disney et Marvel fassent aussi des étincelles en animés; force est de constater que la collaboration fonctionne tout aussi bien qu'en cinéma live, plaçant une fois pour toutes l'association des deux géants comme la référence actuelle du cinéma de divertissement massif.
Les Nouveaux Héros marque surtout par sa maîtrise si grande qu'elle en deviendrait presque un frein à l'imagination même de l'oeuvre; si l'animation, magnifique, établira le show sans plus se forcer que cela, il pourrait manquer un certain côté expérimental à l'oeuvre, qui utilise toujours les mêmes effets déjà vus ailleurs (certes améliorés techniquement) comme ressorts comiques, d'aventures ou d'émotions, annulant toute liberté créative et surprenante.
Codifié jusqu'à la mort, ce nouveau Disney trouve ses défauts dans ses qualités, prévisible au point d'en devenir appréciable, tant on sait que ce que l'on pensait venir voir nous sera apporté sur un plateau d'argent à l'enrobage sublime; c'est un peu comme si l'on allait voir l'énième adaptation d'un énième personnage Marvel/Disney : répétitif comme une bouffe au McDo, on a ce que l'on attendait, ni plus, ni moins, et l'on en ressort le ventre/les yeux plein(s).
Voilà donc que Les Nouveaux Héros tient plus de la bonne malbouffe que du plat de mamie sans goût; bien emballé, parfaitement photographié, il impressionne dans son esthétique en manquant de profondeur en bouche, s'auto-qualifiant de film de divertissement plutôt que de dessin animé venu marquer son genre et les esprits. Et force est de constater qu'en divertissement, il est difficile de mieux faire : les relations entre les personnages sont très bien gérées (bien que la dynamique du duo principal est des plus communes), leur personnalité bien construite, les dialogues bien gérés.
On sait ce qu'il faut savoir des personnages pour s'intéresser à eux, et l'on vit suffisamment ce qui se passe à l'écran pour s'y attacher. On regrettera cependant une fin marquante et courageuse dans le début de son déroulé, qui sera ensuite avortée de manière bâclée parce qu'il fallait en donner pour les beaux yeux des enfants. Petit problème que voici, Les Nouveaux Héros manque d'enjeux dramatiques; tout comme les films Marvel (en plus appuyé ici, public visé oblige), chaque situation prétendument grave trouvera sa résolution (qu'elle soit légère ou comique) avec plus ou moins de prévisibilité, sans que le développement de l'aspect dramatique n'aie de réel impact dans le déroulé de l'intrigue.
L'on y voit les limites du système instauré par Marvel/Disney : à force de trop se concentrer sur la limite entre ton grave et léger, les pontes de la souris la plus rentable au monde ont souvent tendance à négliger le drame au profit de l'humour. Et si cela fonctionne au box-office, c'est qu'ils ont raison de le faire, puisqu'au lieu de chercher à produire des oeuvres accomplies, ils pensent surtout à nous donner à manger des produits pré-mâchés à la relecture difficile puisque sans réel fond. Alors on apprécie le divertissement sur l'instant, on opine du chef ou l'on rit, on s'émeut ou pas de situations bien filmées, mais s'il est une chose de sûr, c'est qu'outre le talent de son équipe technique, Les Nouveaux Héros doit beaucoup de son succès à la hauteur de son budget.