Vu pour la deuxième fois, au moins vingt ans après le premier visionnage.
J'en avais gardé au bon mais éloigné souvenir. De nouveau, je ne suis pas déçu.
Comme d'habitude avec Raoul Walsh, la mise en scène est superbe. le film est tourné à la fois dans des paysages du Panama et à la fois en studio.
La musique pose le rythme dès le générique et annonce un film nerveux, brutal et sans concession.
Le scénario de Terry et Denis Sanders adapte le roman éponyme de Norman Mailer.
Une belle galerie de personnages est dépeinte, notamment dans leur approche de la guerre et surtout comment leurs histoires personnelles peuvent influer sur la personne qu'il devienne au combat. En effet, la guerre est alors un contexte particulier ou des actions, qui seraient répréhensibles en temps de paix, sont permises. Face à cet état de fait, tous ne parviennent pas forcément à garder des limites.
Le sergent Croft, impeccablement interprété par Aldo Ray, est de ceux-là. Militaire respecté pour sa bravoure et son aptitude au combat, il devient de plus en plus tyrannique avec son peloton. Il est craint autant qu'il est respecté.
Il ira même jusqu'à indirectement attenter à la vie de certains de ses frères d'arme.
Raymond Massey, campe un inquiétant général Cummings, dont la sensation de toute puissance conférée par sa fonction, le fait verser dans la mégalomanie et l'autoritarisme.
Que ce soit pour Cummings ou Croft, leurs vies d'avant guerre sont brièvement abordées. Le premier n'a pas pu avoir d'enfant (il en fait porter la responsabilité à sa femme), tandis que le second a été trompé par la sienne. La guerre leur permet de se racheter un honneur masculin qui a été ébranlé. Néanmoins, ces deux personnages, bien que souvent odieux, ne sont pas totalement détestables. En cela, le film n'est pas manichéen.
Cliff Robertson - qui aura ensuite une belle carrière dans le genre mais pas que - est le jeune lieutenant Hearn, idéaliste et humaniste mais également un peu arrogant. Il fait ressentir un certains mépris pour Cummings qui a voulu le prendre sous son aile, car il connaît son père. Peut-être l'assimile t-il au fils qu'il aurait aimé avoir.
La rupture entre les deux, paradoxalement provoquée par Hearn, sera marquante. Sa tirade finale prête à réflexion. En effet, il a été sauvé par deux soldats qui ne lui devaient rien, mais également indirectement blessé par un autre qui ne le respectait pas.
Les autres personnages ont moins de présence mais ils retiennent tous l'attention et l’intérêt à leur façon. (le vieux briscard, le boxeur juif, le jeune père ou encore le bras droit de Croft)
Un film de guerre à la fois plaisant à regarder dans la forme avec une réelle tension et du rythme ; mais également avec du fond et une réflexion sur la nature humaine face à la guerre.
8.5/10