Ah, ça ! Pour trancher avec la production habituelle française, « Les Ogres » tranche, et pas qu'un peu ! Franchement, voir des films comme ça, ça fait du bien. Je n'ai pas tout aimé : c'est un peu long, que ce soit la durée globale ou certaines scènes, Léa Fehner n'a pas peur de l'excès (même s'il est inhérent au milieu décrit, j'entends), les (violents) conflits animant la troupe semblant parfois provoqués uniquement pour avoir... du conflit, la réaction de certains personnages pouvant prêter à irritation.
Mais j'ai presque envie d'écrire : qu'importe. Sous ses airs foutraques, la réalisation se révèle extrêmement précise, détaillée, décrivant à merveille cet univers si singulier qu'est celui du théâtre ambulant, avec sa passion, son énergie, sa chaleur, ses nombreux problèmes à régler ou imprévus...
Univers que Fehner connaît par cœur, celui de son enfance, n'hésitant pas à faire jouer les rôles principaux par ses parents (tous deux exceptionnels, comme l'ensemble du casting, souvent aussi méconnu qu'étincelant), ne cherchant jamais à combler le scénario par un trop grand nombre de scènes de spectacles, finalement assez peu nombreuses. Il y a ici tout ce qui manque si souvent au cinéma hexagonal : de la folie, de la passion, du caractère... De la vie, tout simplement. En somme, un bel hommage à ces femmes et hommes entièrement dévoués à leur art, débordant d'une énergie souvent communicative : une réussite.