Les Oies Sauvages ? Un des meilleurs films de guerre, traitant sur une intervention de mercenaires, dans le continent qu'est l'Afrique aussi meurtri que magnifique présenté ici, dès le générique éloquent du début porté par la chanson à serrer le coeur interprétée par la chanteuse, Loan Armatrading.
Une distribution remarquable d'acteurs, premiers et seconds rôles confondus. Des personnages distincts par leurs traits de caractères qui, désenchantés ou presque par leur retraite civile, repartent au combat, leur jeunesse en moins pour la plupart (les vétérans quoi), pour une mission de sauvetage militaire au coeur du continent africain. La mission est financée officieusement par un puissant banquier londonien ayant le bras long, Sir Edward Matherson joué par l'acteur Stewart Granger, lequel se montrera être un bel enculé sans scrupule en retournant sa veste (ne voyant qu'au bout du compte ses intérêts), condamnant ainsi la troupe de la cinquantaine de mercenaires à un sort sans issu autre qu'une partie de massacre.
Le film, se passant d'abord en Angleterre, présente dans sa partie préparative les principaux personnages : Le colonel Faulkner, un officier alcoolique à ses heures perdues, peu aimable au premier abord et dont une mauvaise réputation le précède, campé par Richard Burton. Suit l'officier Rafer Janders, le personnage idéaliste voire humaniste sous les traits de Richard Harris. L'officier Shawn Fynn, est celui qui réchauffe l'ambiance par son flegme et son humour et est évidemment joué par Roger Moore (qui d'autre sinon?). Quant à l'officier sud-africain Pieter Koetzee, rôle de l'acteur allemand Hardy Krüger, c'est un homme aux abords individualistes et racistes mais dont le coeur se laissera gagner par les paroles de sagesse et de paix* du président libéré, Libani, dans la brousse. Les seconds rôles arrivent lors du recrutement et des plus remarquables sortent celui du sergent-major Sandy Young interprété par le très bon et sourcilleux Jack Watson et Witty, le sympathique infirmier à l'homosexualité assumée mais qui n'est pas manchot pour combattre, joué par Kenneth Griffith. Notons aussi la présence de l'acteur sud-africain John Kani, même s'il est peu connu chez nous, dans le rôle du sergent Jess Link.
L'entraînement en Afrique (la partie "récréative" avant l'action), mené par le sergent-major qui ne se prive pas de quelques répliques fleuries, permet de nous imbiber de l'esprit de camaraderie et de témoigner d'un certain attachement à ces hommes transpirant et crachant leurs poumons après une longue période d'inactivité : ("PLUS VITE, VOUS CROULEZ SOUS LA GRAISSE!").
La phase action débute par le parachutage au bout d'une cinquantaine de minutes de film, puis l'infiltration dans le camp ennemi pour sauver Julius Libani (Winston Ntosha, qui jouera plus tard encore un rôle similaire dans Les Chiens De Guerre). S'ensuit la phase survie après que les élites de Londres aient trahi en traitant avec le rival tyrannique de Libani dans les coulisses. Beaucoup de soldats laisseront leur peau lors des combats successifs et certaines morts seront marquantes, donnant un cachet émotionnellement fort vers le final, nous faisant parfois emprunter le regard grave et attristé de Libani en voyant tant d'hommes se faire massacrer, même lors d'un court plan sur les soldats ennemis, ces fameux Zimbalas, projetés par les explosions.
La fin laissera un goût amer ("L'homme va s'éteindre Monsieur Faulkner, mais son esprit demeure."). Amertume symbolisé par le regard du colonel Faulkner ayant vu un grand nombre de ses soldats et la plupart de ses amis tués sous ses yeux. Amertume doublée d'une détermination de régler des comptes dans les coulisses de la haute sphère financière.
Les Oies Sauvages est un film qui, même s'il est aujourd'hui considéré "vieillot", reste assez poignant principalement dans sa dernière partie et peut encore porter à réflexion à une actualité toujours existante derrière son apparence d'aventure guerrière divertissante.
* "Nous devons vous pardonner le passé comme vous devez nous pardonner le présent", le Président Libani au mercenaire sud-africain Pieter Koetzee.
Critique un peu modifiée le 10 octobre 2022