L'oiseau est l'un des êtres vivants les plus raisonnable qui soit. Se sachant petit , il obéit merveilleusement aux lois de la nature, devant l'homme il s'écarte, à la vue du chasseur il s'envole.
Mais ces oiseaux là, allez savoir pourquoi décident un jour de se révolter, et se groupent pour attaquer les hommes. Nous ne connaitrons jamais leurs revendications, peut-être après tout réclament-ils simplement la libération de deux d'entre eux emprisonnés à tort.
Le pourquoi, le comment nous l'avons compris depuis longtemps, Hitchcock s'en moque éperdument, après tout, il n'est pas là pour apporter du confort aux spectateurs, mais bien pour surprendre et dérouter. Car depuis La Mort aux trousses, le bonhomme est entré dans ce que l'on pourrait appeler sa période punk. Iroquoise dressée sur le crâne le Hitch est en rébellion, il a décidé de changer de se moderniser quitte à déplaire. Il ne lui suffit plus d'intriguer, il veut terroriser.
Ses personnages ne s'en sortent plus nécessairement avec gloire et honneur. Ce qui fascine désormais Alfred ce sont les méchants, les hommes (comme dans psycho) ou à défaut les oiseaux. Le bien ne triomphe plus, les "gentils" sont terrassés ou doivent fuir pour survivre. Savoureux renversement des rôles, les oiseaux ne sont plus les proies, ce sont les chasseurs.
Pour autant, le maître n'a pas renoncé au cinéma, les plans sont toujours magnifiques, les acteurs parfaitement dirigés (Tippi Hedren est admirable en nouvelle blonde "Htchcockienne"), les engrenages de l'intrigue superbement huilés. Simplement, le ton du cinéaste a perceptiblement évolué, (probablement inspiré par le succès de la Hammer) pour se rapprocher de celui des films d'horreur britanniques.
D'aucuns préfèreront la période où Sir Alfred concentrait son génie sur l'élaboration d'intrigues brillantes, et je les rejoins sur ce point. Mais avouons tout de même que "Les oiseaux" est un très bon film. Non ?