"Les oiseaux", sorti en 1963, est considéré comme le dernier grand film d’Alfred Hitchcock (sympa pour les films suivants). Le maitre du thriller bascule presque dans le genre de l’horreur avec cette invasion d’oiseaux tueurs, un thème qui marque l’inconscient collectif, dans un film qui devient culte pour des générations entières.
Le film a eu beaucoup de mal à m’épouvanter, ou même à m’inquiéter, il faut dire que je ne suis pas particulièrement effrayé par les oiseaux. J’ai même trouvé quelques passages un peu absurdes, j’ai eu du mal à trouver de la crédibilité dans une attaque de moineaux, par exemple. Les trucages ayant un peu vieilli (attaques de bec et de griffes, maquillage sanguinaire…), je dois dire qu’il me sortait parfois de mon immersion.
Je n’ai pas aimé l’intrigue, qui n’a ni queue ni bec… Si l'histoire se tient, le mystère reste un mystère. Comme ce n’est pas dans la nature des oiseaux d’attaquer l’homme, j’aurais bien aimé que le film nous révèle le mystère de ce changement de comportement soudain. Malheureusement, l’intrigue n’avance aucune piste, et la conclusion nous laisse sur notre faim. Une conclusion qui arrive de manière brutale, comme si finalement le maitre du suspens n’avait pas trouvé de fin satisfaisante. Ainsi plusieurs intrigues demeurent ouvertes, la raison du comportement des oiseaux, la relation entre Melanie et Mitch, la relation entre Melanie et Lydia… Tout cela m’a un peu déçu.
Autre défaut du film, les bruitages. Ils sont tout simplement insupportables. Tous ces oiseaux qui crient m’ont donné mal au crâne (et je n’exagère pas). J’ai même songé à passer le film sur muet pour le visionner avec les sous-titres tellement c’était pénible. Par ailleurs, la musique n’est pas des plus remarquables non plus. Heureusement, quelques effets sonores bien trouvés, mais aussi la maitrise du silence, nous plongent dans une ambiance de suspens maitrisé (bien sûr, c’est du Hitchcock tout de même).
J’en viens aux qualités. L’ambiance visuelle est exceptionnelle. Le film à une identité propre avec son cadre spatial de l’époque des années 60 et son petit village côtier isolé. J’ai beaucoup aimé les relations entre les personnages, qui sont inspirés et très originaux. Ça change de la petite famille qui a acheté une ruine pour se mettre au vert avant de découvrir que le village cache un étrange secret. Ici, la relation, et le jeu de séduction entre Melanie et Mitch est une histoire à côté de l’histoire franchement intéressante (d’où ma déception en l’absence de conclusion).
Les acteurs font du très bon travail. J’ai préféré les seconds rôles aux premiers. Jessica Tandy est remarquable dans son rôle de mère jalouse. J’adore Suzanne Pleshette que je trouve magnifique. Le duo Tippi Hedren et Rod Taylor fonctionne plutôt bien, même si la prestation de ce dernier est celle que j’ai le moins appréciée (pour son attitude un peu trop conventionnelle).
Enfin, en grand passionné d’animation, j’ai plutôt envie de parler d’Ub Iwerks, le papa de Mickey Mouse, qui est l’artiste qui se cache derrière les plus beaux trucages de ce film. Il était chargé d’incorporer des oiseaux animés sur les séquences d’envolés d’oiseaux réels, afin de donner le sentiment de nuées. Le moins que l’on puisse dire c’est que ces séquences sont parfaitement maitrisées et visuellement sublime. L’illusion et parfaites.
Si je n’ai pas trouvé le film exceptionnel sur le plan de l’intrigue et de l’histoire, j’avoue que la technique, les effets spéciaux, et les scènes d’invasions sont remarquables (même si certains trucages, notamment le maquillage, laissent à désirer). L’ambiance est aussi un aspect très immersif de l’œuvre. Les qualités l’emportent largement sur les défauts et j’ai passé un très bon moment. Le film est le dernier Hitchcock que j’intégrerais à ma liste des chefs-d’œuvre du cinéma, et il illustre à merveille cette époque incroyable qui s’achève.