Et c’est bien là le problème ! Voir ce film en 1963 dans une salle de cinéma devait être impressionnant, mais aujourd’hui sur ma TV, je n’ai pas vraiment eu peur, même si – malgré tout – une atmosphère anxiogène se dégage de ce long-métrage.
Un fait divers réel (la destruction d’une petite ville californienne par une soudaine attaque de volatiles) et une longue nouvelle (de Daphne Du MAURIER) sont à l’origine du scénario des Oiseaux. HITCHCOCK épaissit sensiblement les personnages avec l’aide de l’écrivain Evan HUNTER mais n’apporte pas d’explication quant au comportement hostile des volatiles.
Concernant la distribution, le cinéaste décide très tôt de confier le rôle principal à Tippi HEDREN, mannequin arrivée à Los Angeles pour devenir actrice. Elle signe un contrat de sept ans, et comme les autres actrices liées au réalisateur, elle est mise entre les mains de coiffeurs, stylistes et maquilleurs avant d’effectuer plusieurs répétitions avec et sans caméra. Sûr de sa faculté de transformer une inconnue en tête d’affiche, HITCHCOCK n’hésite pas à déclarer que les vraies stars du film seront les oiseaux, son propre nom de réalisateur et le scénario écrit avec HUNTER. Rod TAYLOR (La Machine à explorer le temps) et Jessica TANDY (Miss Daisy et son chauffeur en 1989) complètent le casting.
Le budget des Oiseaux est le plus important dont HITCHCOCK a bénéficié jusque-là. Il s’explique par les nombreux effets visuels (trucages photographiques), la durée du tournage (6 mois, sans compter la préparation) et la post-production (un an). Par ailleurs, des centaines de vrais volatiles sont utilisés et dirigés par le célèbre dresseur d’animaux Ray BERWICK. Cela n’empêche pas les incidents, notamment lors de la scène où Mélanie (le personnage de Tippi HEDREN) se retrouve au grenier de la maison barricadée – elle sera blessée au visage par une mouette.
Le plan final, où Mélanie et les BRENNER (Rod TAYLOR, Jessica TANDY et Veronica CARTWRIGHT) s’éloignent en voiture dans un paysage recouvert de centaines de prédateurs à plumes, est considéré par le cinéaste comme le plus difficiles qu’il ait eu à réaliser : il rassemble 32 éléments filmés séparément, mélangeant oiseaux réels, factices, et en surimpressions.
Projeté en ouverture du Festival de Cannes 1963, Les Oiseaux sera très bien accueilli en Europe, mais beaucoup moins aux États-Unis où les américains reprochent au film de ne jamais expliquer ni justifier les attaques des volatiles. En fait, HITCHCOCK a fait en sorte de lier les angoisses individuelles des personnages à la peur des assauts des oiseaux selon un système récurrent.
Durant tout sa carrière, le Maître ne fera jamais mourir son héros, mais la conclusion – pour le moins incertaine – de ce long-métrage, laisse présager le pire. D’ailleurs le mot ‘FIN’ n’apparaît pas…